
Les résultats de l’année 2024 sont extraordinaires en termes de mégawatts installés dans le régime de l’autoconsommation, mais on peut encore faire beaucoup mieux.
La Press — Le secteur énergétique fait, encore et toujours, face à de nombreux défis. Rien que la production d’électricité, nul ne l‘ignore, dépend à 97% du gaz naturel, dont plus de la moitié est importée d’Algérie, en raison de la faiblesse de nos ressources. Ce qui est de nature à aggraver la situation est que la demande en électricité ne cesse d’augmenter, accentuant ainsi le déficit énergétique dans notre pays.
Pour faire face à cette situation, la Tunisie a mis en œuvre une stratégie de transition énergétique reposant sur deux piliers, à savoir l’amélioration de l’efficacité énergétique et la diversification du bouquet énergétique, avec une priorité donnée au développement des énergies renouvelables. Dans ce contexte, le Plan solaire tunisien (PST) a été lancé pour porter la part des énergies renouvelables dans la production électrique de 3 à 30% à l’horizon 2030, et contribuer à l’essor du secteur du photovoltaïque.
L’énergie photovoltaïque s’impose donc comme un pilier essentiel de la transition énergétique à l’échelle mondiale, une dynamique à laquelle la Tunisie prend activement part. Mais les défis persistent tant sur le plan législatif qu’au niveau de la mise en application du PST, poussant ainsi les parties à multiplier les réunions et les concertations en vue de booster un secteur aussi prometteur.
Des mesures annoncées
À cet effet, le secrétaire d’État chargé de la Transition énergétique, Wael Chouchane, a présidé, jeudi 12 juin 2025, une séance de travail consacrée à l’installation des systèmes et stations solaires photovoltaïques.
La réunion s’est tenue en présence, en particulier, d’une délégation de la Chambre syndicale nationale de l’installation et de la maintenance des équipements photovoltaïques (Cspv), relevant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), ainsi que du Groupement professionnel des énergies renouvelables (Gper), affilié à la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect).
La réunion a permis de passer en revue les défis actuels auxquels fait face ce secteur, notamment sur les plans technique et financier. Des propositions concrètes ont été présentées afin de «simplifier les procédures et de stimuler l’investissement dans ce domaine stratégique», selon un communiqué publié par le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie.
À ce propos, Wael Chouchane a souligné l’importance de la coopération entre toutes les parties prenantes du secteur pour créer davantage de projets, indiquant que le ministère et les institutions sous sa tutelle sont pleinement engagés à promouvoir ce secteur, à accompagner les investisseurs, à simplifier les procédures et à offrir tous les encouragements et facilitations nécessaires.
Il a également mis l’accent sur le rôle central des fabricants et installateurs de capteurs solaires, les considérant comme des partenaires essentiels dans la réussite du processus de transition énergétique, en vue d’augmenter la part de la production d’électricité à partir des énergies renouvelables et de réduire le déficit énergétique.
La séance a par ailleurs été l’occasion d’annoncer une série de mesures prises dans le but d’accélérer les délais de validation des études de raccordement et de réalisation des opérations de raccordement des projets au réseau électrique dans les délais impartis.
Lourdeur des processus et délais longs de traitement des dossiers
Dans sa déclaration à La Presse, Moez Aziza, président du Groupement professionnel des énergies renouvelables de la Conect, a souligné que cette réunion a été très constructive comme en témoigne le grand enthousiasme affiché du côté des participants pour les réalisations des sociétés tunisiennes en matière de transition énergétique.
Selon lui, les résultats de l’année 2024 sont extraordinaires en termes de mégawatts installés dans le régime de l’autoconsommation. «Nous avons évoqué quelques points qui peuvent freiner et ralentir le rythme de développement de ce secteur, notamment la lourdeur des processus au niveau des districts de la Steg, où les délais de traitement des dossiers peuvent atteindre 90 jours pour les installations BT et même aller jusqu’à une année pour les installations MT. Nous sommes ravis d’apprendre que le PDG de la Steg a affirmé que des mesures seront prises pour raccourcir ces délais».
D’après Moëz Aziza, un autre point crucial a été soulevé, il concerne les sociétés d’installation qui n’ont pas encore été payées pour des installations réalisées en 2024. «Nous espérons que des solutions seront trouvées pour résoudre cette problématique, car ces sociétés jouent un rôle d’intermédiaire essentiel entre la Steg, l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie et les clients bénéficiaires».
Dans ce même contexte, il a salué la décision annoncée par M. Chiboub concernant l’augmentation du prix de vente de l’excédent d’énergie pour le régime moyenne tension, qui passera de 80 millimes à 142 millimes. Selon lui, cette décision aura un impact positif sur les réalisations futures et encouragera davantage les investissements dans le secteur de l’énergie renouvelable. «Nous sommes convaincus que ces mesures contribueront à accélérer le développement de la transition énergétique en Tunisie et à atteindre les objectifs fixés en matière de production d’énergie renouvelable», conclut-il.
L’avenir de l’électricité photovoltaïque dans le pays du soleil par excellence s’annonce prometteur, mais il faudra faire face donc aux multiples facteurs inhibant le développement de ce secteur et les barrières susceptibles de freiner sa croissance. Sur le plan législatif, la Commission de l’industrie, du commerce, des ressources naturelles, de l’énergie et de l’environnement relevant de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) s’était déjà réunie le 13 mars 2025, dans le cadre de l’examen continu de la proposition de loi n° 59 de l’année 2024, portant modification de la loi n°12 de l’année 2015 du 11 mai 2015 relative à la production d’électricité à partir des énergies renouvelables.
Lors de cette séance, la commission a auditionné plusieurs organisations professionnelles tunisiennes qui ont souligné l’importance de l’énergie pour l’investissement et l’indépendance énergétique. Elles ont appelé à une stratégie nationale de transition énergétique et à encourager l’investissement privé dans les énergies renouvelables via des procédures simplifiées.