
Encourager la concurrence bancaire, assainir le secteur, renforcer la régulation, rendre ce système plus transparent, et favoriser l’innovation et l’équité : telles sont les principales recommandations du professeur Brahim Guizani, enseignant à la Tunis Business School (TBS), pour améliorer la contribution du secteur bancaire à l’économie nationale.
Dans une note analytique intitulée “Un secteur bancaire plus compétitif pour une économie plus inclusive” et publiée sur ecoTous, Guizani rappelle que depuis plus d’une décennie, l’économie tunisienne peine à retrouver un rythme de croissance soutenu, malgré la santé étonnamment florissante du secteur bancaire.
Il souligne une contradiction majeure entre la progression constante des profits bancaires et la faible croissance du produit intérieur brut (PIB) tunisien. Selon lui, ce décalage reflète une orientation privilégiant la rentabilité des banques au détriment de leur rôle dans le financement de l’économie réelle.
La note pointe également une tendance persistante à l’exclusion des segments les plus dynamiques de l’économie tunisienne : les jeunes entrepreneurs, les start-ups, ainsi que les petites et moyennes entreprises. En effet, si les banques accumulent des richesses, elles ne les réinjectent pas suffisamment sous forme de crédits, freinant ainsi l’investissement et la création d’emplois indispensables à la relance économique.
Pour remédier à cette situation, l’auteur préconise d’encourager la concurrence bancaire en ouvrant le marché à de nouveaux acteurs, tels que les coopératives et les banques communautaires, tout en réduisant les barrières à l’entrée.
Il recommande également de réduire les créances douteuses, encadrer les conflits d’intérêts, et appliquer des règles de gestion plus strictes.
Concernant l’augmentation de la transparence du secteur, Guizani appelle à publier ouvertement les taux d’intérêt et les frais bancaires pour permettre une véritable comparaison entre les établissements.
Pour favoriser l’innovation et l’équité, la note propose de libéraliser certains taux, comme ceux sur l’épargne, et d’encourager les fusions entre banques afin de renforcer leur solidité et d’élargir l’offre dans le secteur.
Le professeur suggère en outre de donner la parole aux clients du secteur bancaire en créant un observatoire ou une association indépendante pour défendre les droits des clients des banques. Cela permettrait de rétablir la confiance des citoyens et de replacer le client au cœur du système bancaire.
En définitive, le secteur bancaire tunisien est invité à repenser son modèle pour mieux répondre aux besoins d’une économie en quête de vitalité.