
Le dernier rapport de juin de la Banque mondiale met en garde contre une décennie perdue pour les économies émergentes, frappées par le recul des investissements, l’incertitude géopolitique et les impacts du climat.
La Presse — La Banque mondiale a publié, en juin 2025, un rapport alarmant sur l’état de l’économie mondiale. Intitulé « Perspectives économiques mondiales », ce document pointe une croissance globale en net ralentissement, plombée par les tensions commerciales persistantes, une instabilité géopolitique croissante et une recrudescence des événements climatiques extrêmes. Les pays émergents et en développement (Emde) sont les plus durement touchés, avec un essoufflement marqué de la convergence économique vis-à-vis des pays riches.
La croissance mondiale devrait tomber à 2,3 % en 2025, soit son niveau le plus bas depuis la crise de 2008, en dehors des récessions mondiales. Et si un léger rebond est attendu entre 2026 et 2027, il ne permettra pas de combler le retard accumulé. La Banque mondiale souligne que les inégalités de revenus entre pays risquent de se creuser à nouveau, alors que les économies en développement peinent à attirer les investissements nécessaires pour sortir durablement de la pauvreté.
L’Afrique du Nord dans la tourmente commerciale
Parmi les régions particulièrement concernées, l’Afrique du Nord — comme le Moyen-Orient et l’Afrique subsaharienne — doit faire face à un double choc : le ralentissement de la demande mondiale en matières premières et l’effet boomerang des barrières commerciales. Pour ces pays souvent dépendants des exportations d’hydrocarbures, de phosphates ou de produits agricoles, la baisse des échanges et le recul des investissements directs étrangers représentent une menace sérieuse.
Le rapport note que les flux d’IDE vers les Emde ont chuté de plus de 50 % par rapport à leur pic de 2008, et que cette tendance devrait se prolonger. Les économies nord-africaines, déjà fragilisées par des déséquilibres structurels (chômage des jeunes, pressions inflationnistes, dette publique croissante) voient ainsi leur marge de manœuvre réduite.
Réformes et coopération multilatérale
Dans ce contexte, la Banque mondiale appelle à une mobilisation internationale urgente. Elle exhorte les grandes puissances à œuvrer à la réduction des tensions commerciales et à restaurer un climat de confiance sur les marchés mondiaux.
En parallèle, les gouvernements des Emde sont invités à prendre des mesures structurelles : renforcer les institutions, améliorer le climat des affaires, attirer les investissements privés et développer le capital humain.
La Banque recommande également de reprioriser les dépenses publiques et de mieux mobiliser les ressources fiscales locales pour renforcer la résilience budgétaire. Un impératif dans un monde où les aides extérieures se raréfient et où les chocs exogènes (conflits, pandémie, dérèglements climatiques) se multiplient.
L’alerte pour les pays fragiles
Enfin, le rapport consacre un focus particulier aux pays en situation fragile ou en conflit. Pour ces États, les défis sont encore plus redoutables : insécurité, effondrement institutionnel, migrations forcées. La Banque mondiale plaide pour un soutien international ciblé et coordonné, alliant financement, expertise technique et accompagnement des réformes.
Dans un monde où les incertitudes s’accumulent, ce rapport sonne comme un appel à l’action. Pour éviter une décennie perdue, la réponse devra être à la fois globale et locale, et faire de la coopération multilatérale et de la résilience économique les piliers d’un nouveau contrat mondial. Pour l’Afrique du Nord comme pour l’ensemble des pays en développement, il en va de leur stabilité à long terme.