
Le premier Forum et Salon méditerranéen de l’eau, de l’irrigation et de l’énergie (Irrimed Expo 2025) a été inauguré hier au Parc des expositions du Kram. Il se déroulera pendant quatre jours, sous le signe « Défis hydriques et énergétiques, réalité et perspectives ». Soit deux événements en un pour mieux cerner les grandes lignes du débat.
La Presse — Une édition inaugurale que l’on peut qualifier de copie zéro qui servirait de référence de base, aidant ainsi à mesurer l’évolution et la rentabilité de ce salon, à même d’évaluer les choix de nos stratégies, au fil du temps, en matière d’eau, d’irrigation et d’énergie. Ce trio du développement durable semble plus que jamais vital et sensible aux aléas climatiques et leurs conséquences dramatiques.
Un appui aux efforts de l’Etat
Ce rendez-vous, auquel participent 150 exposants et 15 mille visiteurs, intervient à point nommé, dans la mesure où l’économie d’eau et la rationalisation de consommation d’énergie sont une priorité nationale absolue. Et pour cause, les organisateurs voudraient faire d’un tel salon « une vitrine des techniques, technologies et services de l’eau, de l’irrigation et de l’énergie, afin de permettre aux agriculteurs d’optimiser leurs choix pour promouvoir l’utilisation de l’eau d’irrigation dans leurs exploitations agricoles ».
Selon Sami Chamekh, organisateur de l’Irrimed Expo 2025, il s’agit d’une première pour soutenir les efforts de l’Etat en matière de mobilisation hydrique, de protection de l’environnement et de production d’énergie. « Dans cette optique, on a voulu, par la même occasion, mettre la lumière sur les nouvelles technologies utilisées de par le monde, afin d’apporter les solutions adéquates censées contribuer à la réussite de notre stratégie nationale dans ce domaine », évoque-t-il.
Parallèlement, ajoute-t-il, plus de 25 conférences enrichissantes figurent au programme auxquelles s’invite un parterre d’experts et chercheurs. « Et que nos agriculteurs, investisseurs et institutions financières viennent se joindre au débat, s’exprimer, donner leurs avis et proposer les solutions et les recommandations possibles.
Un espace au salon a été aussi dédié à nos jeunes startups spécialisées dans l’économie d’eau et l’énergie verte, afin qu’elles exposent leurs créations et leurs projets innovants », espère M. Chamekh. En outre, nombre important de structures de l’Etat liés aux secteurs du salon sont aussi présentes : la Sonede, La Steg, l’Anme, l’Anpe, l’Apia, ainsi que la BNA Bank, comme partenaire officiel de cet évènement agricole. Cet engagement collectif explique bel et bien un souci commun de gagner le double enjeu de l’eau et de l’énergie.
Ainsi, la sécheresse qui nous a frappée de plein fouet depuis des années a causé le stress hydrique, impliquant une forte demande en eau et en énergie. Qu’il pleuve ou pas, notre potentiel hydrique passe au rouge, faisant craindre le pire. Et nos barrages risquent de toucher le fond. On est ainsi en droit de poser la question suivante : la Tunisie aura-t-elle soif ?! Fort probable, si rien n’est fait ici et maintenant.
L’agriculture consomme 75% de l’eau mobilisée
A l’ouverture du forum, Hammadi El Hbaieb, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Agriculture chargé des Ressources hydriques, a fait valoir qu’un tel salon est d’autant plus important qu’il réunit un triptyque vital : l’eau, l’énergie et l’agriculture, dont l’un dépend de l’autre. « Il y a un trait d’union entre ces trois composantes : la collecte de l’eau, son transport et son stockage ont besoin autant d’énergie, alors que l’agriculture consomme, actuellement, au moins 75% de l’eau mobilisée », explique-t-il, insistant sur le recours aux équipements et technologies de pointe et leur utilisation dans la prise de données relative aux compteurs intelligents, l’intervention sur des canalisations hydrauliques et au contrôle du système d’irrigation.
« Face à la raréfaction de l’eau, l’utilisation des eaux non conventionnelles est aussi de mise, car l’eau est une question transversale qui devrait impliquer Etat et citoyens à part entière », estime-t-il. C’est pourquoi, poursuit-il, on est en train de passer aux énergies renouvelables, dont le photovoltaïque est une technologie d’avenir pour le dessalement d’eau de mer et le traitement des eaux usées.
Conscient de tous ces défis, M. Hbaieb était on ne peut plus, clair et précis : l’économie d’eau demeure la meilleure solution. Car, chiffres officiels à l’appui, seulement 450 m3 d’eau pour chacun de nous par an, soit deux fois moins par rapport à la moyenne mondiale, estimée aujourd’hui à 1000 m3 par personne. D’après les mêmes sources agricoles, notre pays se situe au bord de la pauvreté hydrique.
D’ailleurs, le dessalement d’eau de mer demeure une alternative à la crise hydrique, dont l’énormité des coûts énergétiques constitue aussi un défi majeur. Ce salon Irrimed aurait dû prendre tout en considération et répondre à toutes ces questions stratégiques. « Ces contraintes requièrent une rationalisation des ressources en eau », lit-on dans le communiqué distribué aux médias présents.
Sachant qu’une stratégie nationale d’économie et de gestion durable de l’eau d’ici à 2030, voire 2050, a déjà été mise en place. C’est dans ce sens que cette 1ère édition dudit salon s’emploie à inscrire dans la durée ces enjeux cruciaux pour un développement équitable.