
La Presse — Le Président de la République, Kaïs Saïed, a mis en avant, lors de sa rencontre mercredi après-midi, au Palais de Carthage, avec Mohamed Ali Nafti, ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, les principes fondamentaux de la diplomatie tunisienne, notamment l’indépendance de la décision de l’État et la diversification de ses partenariats stratégiques.
La Presse —Le premier principe met en exergue l’indépendance de la décision de l’État tunisien, ce qui correspond à l’orientation souverainiste adoptée par Kaïs Saïed depuis 2021. Dans ce cadre, le Président a mis l’accent sur une diplomatie affranchie des ingérences étrangères, exprimant surtout une volonté claire de s’éloigner des schémas traditionnels de dépendance envers les partenaires et bailleurs internationaux.
Car, en fin de compte, cette dépendance financière entraîne inévitablement une perte de souveraineté, ouvrant la voie à l’ingérence dans les affaires intérieures et à la manipulation de nos positions diplomatiques.
La Tunisie s’est démarquée, ces quatre dernières années, de la diplomatie passive qui a été marquée, particulièrement durant la décennie noire, par la prise de positions alignées sur celles des pays bailleurs. Pourtant, la guerre menée par procuration par les sionistes a dévoilé le visage hideux des puissances mondiales, ainsi que leur hypocrisie et leur cynisme marqué par une basse volonté de s’imposer aux autres peuples sans égard à leur souveraineté.
L’usage du principe de deux vitesses, dans le contexte du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, n’est plus à démontrer. C’est presque devenu la règle qui gère un monde en perdition.
Respecter le principe de non-ingérence
À ce propos, notre pays a condamné avec vigueur l’attaque menée le 13 juin 2025 contre l’Iran par l’entité sioniste, y voyant une violation grave de sa souveraineté, contraire aux principes du droit international. La Tunisie considère cet acte comme une menace sérieuse pour la paix régionale et mondiale.
Exprimant sa solidarité avec le peuple iranien, la Tunisie a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à agir rapidement pour faire cesser ces violations et mettre fin à l’impunité dont bénéficie l’entité sioniste. Il en est de même pour la cause palestinienne. La Tunisie a toujours affirmé sa totale et inconditionnelle solidarité avec le peuple palestinien.
Lors du dernier Sommet arabe tenu à Bagdad, le chef de la diplomatie tunisienne a prononcé un discours au nom du Président de la République dans lequel il a réaffirmé, «la position constante de la Tunisie en faveur de la Palestine» et réitéré le soutien inébranlable de notre pays «aux luttes du peuple palestinien pour la récupération de ses droits légitimes et la création d’un État souverain et indépendant sur l’ensemble du territoire palestinien, avec Al-Qods Al-Charif pour capitale».
Respectant le principe de non-ingérence et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, Nafti a exprimé, au nom du Chef de l’État, «la profonde préoccupation de la Tunisie face à l’escalade des tensions à Tripoli», appelant à un arrêt immédiat des violences et insistant sur la nécessité d’un consensus entre toutes les parties libyennes.
La Tunisie a aussi réaffirmé sa disposition à être un lieu de dialogue pour les Libyens, sous l’égide de la Mission des Nations unies en Libye, afin de parvenir à une solution politique garantissant l’unité, la sécurité et la stabilité du pays.
Une diplomatie au service des intérêts nationaux
Quant au second principe se rapportant à la diversification des partenariats mis en avant par le Chef de l’État, il ne fait qu’insister sur une politique étrangère plus équilibrée. Il est vrai que sous Kaïs Saïed, notre pays a cherché à élargir ses relations au-delà du traditionnel axe euroméditerranéen sur fond d’ouverture sur les pays arabes (notamment du Golfe) et africains, ainsi que des puissances non occidentales, telles la Russie, la Chine.
Le ministère des Affaires étrangères a même annoncé qu’il a été décidé de placer l’année 2025 sous le slogan «Renforcer l’action multilatérale et consolider la coopération avec le système des Nations unies».
Un choix qui reflète une diplomatie proactive, au service des intérêts nationaux, et qui s’inscrit dans le droit fil de la volonté du Président de la République de «renforcer la contribution effective de la Tunisie aux efforts visant à promouvoir l’action multilatérale selon une nouvelle approche, fondée sur la modernisation des mécanismes de coopération».
La guerre de libération intérieure doit s’accompagner d’un travail diplomatique intensif, a indiqué le Chef de l’État au ministre des Affaires étrangères. C’est que la politique étrangère d’un pays doit, à travers sa diplomatie, refléter et soutenir les orientations, les priorités et les valeurs de sa politique intérieure. Ce sont là les lignes directrices d’une diplomatie souverainiste, fondée principalement sur l’intérêt national et en symbiose avec la politique intérieure du pays.