Accueil A la une Droits de douane américains : un coup dur pour les exportations tunisiennes d’huile d’olive

Droits de douane américains : un coup dur pour les exportations tunisiennes d’huile d’olive

L’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) prévoit une baisse significative des recettes d’exportation, notamment pour l’huile d’olive, suite à l’imposition par les États-Unis de droits de douane élevés sur ce produit. Cette mesure affecte directement la troisième destination d’exportation tunisienne pour l’huile d’olive et pourrait peser lourdement sur la balance commerciale du pays.
Dans une note d’analyse récente intitulée “La politique protectionniste américaine : un coût élevé pour la Tunisie”, l’Observatoire souligne que les nouvelles barrières tarifaires américaines, mises en place début avril 2025, ont réduit la compétitivité de l’huile d’olive tunisienne sur le marché américain. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les droits de douane appliqués aux pays européens et à d’autres exportateurs émergents, tels que la Turquie, l’Argentine et le Maroc, restent inférieurs de 20 %.
En outre, la politique protectionniste américaine impacte indirectement la Tunisie via l’Italie et l’Espagne, premiers fournisseurs d’huile d’olive aux États-Unis, qui voient leurs importations tunisiennes diminuer en raison de mesures similaires appliquées à leur propre commerce.
L’Observatoire indique que l’huile d’olive représente 59 % de la valeur totale des exportations tunisiennes vers les États-Unis, pays qui constitue le troisième plus grand importateur mondial de ce produit et la Tunisie le troisième fournisseur, avec une part de marché de 15 %.
Au-delà de l’huile d’olive, les exportations d’engrais devraient également souffrir des droits additionnels, dans un contexte où la Tunisie ne se trouve pas en position de mener une guerre commerciale.
Face à ces défis, l’OTE insiste sur la nécessité pour la Tunisie de diversifier ses marchés d’exportation, notamment en se tournant vers les pays avec lesquels elle enregistre un déficit commercial ainsi que vers les marchés émergents en Afrique et en Asie.
À plus long terme, l’Observatoire recommande de réduire la dépendance à certains marchés spécifiques et d’adopter une stratégie moins axée sur une spécialisation excessive, afin de mieux protéger l’économie tunisienne face aux fluctuations des crises commerciales et géopolitiques. La souveraineté économique passe également par la réduction des importations.
Depuis 2020, les exportations tunisiennes vers les États-Unis ont connu une progression notable, avec une croissance de 144 % entre 2020 et 2024, générant un excédent commercial de 215,8 millions de dinars en 2024. Les États-Unis sont désormais le sixième plus grand marché pour les produits tunisiens, avec plus de 3 % de la valeur totale des exportations.
Le 2 avril 2025, le président américain a annoncé l’instauration de droits de douane supplémentaires de 10 % sur toutes les importations, en plus de tarifs différenciés, parmi lesquels figure la Tunisie, soumise à un taux très élevé de 28 %, soit le cinquième plus important dans la région Moyen-Orient/Afrique du Nord.
Bien que la Cour internationale du commerce ait annulé cette mesure le 28 mai 2025, la cour d’appel a suspendu cette annulation, prolongeant temporairement l’application des droits de douane jusqu’à la décision finale attendue pour le 31 juillet 2025.
Enfin, selon les données de l’Observatoire national de l’agriculture, les recettes tirées de l’huile d’olive ont déjà reculé de 29,3 % au cours des sept premiers mois de la saison 2024-2025.

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