Accueil A la une Échanges commerciaux Tunisie-Algérie : Hisser la coopération bilatérale à des perspectives prometteuses

Échanges commerciaux Tunisie-Algérie : Hisser la coopération bilatérale à des perspectives prometteuses

La Tunisie et l’Algérie tiennent à renforcer leurs relations économiques, depuis des années, et à relancer la coopération bilatérale dans différents domaines, en vue de parvenir à une intégration économique et à des perspectives unifiées, unies et communes.

La Presse —Selon les opérateurs économiques des deux pays, ces relations économiques restent en deçà des attentes. En témoignent les indicateurs de 2020 qui montrent que l’Algérie a exporté vers la Tunisie plus d’un milliard de dollars, un chiffre en progression de 13 % par rapport à 2018, mais qui ne représente, en fait, que 3 % des exportations globales. Les échanges économiques demeurent très bas : les exportations algériennes vers la Tunisie se limitent presque exclusivement au pétrole et au gaz, à hauteur de 95 %.

Du côté de la Tunisie, ses exportations vers l’Algérie sont plus diversifiées (matériaux de construction, produits chimiques, produits alimentaires et autres). 

En tout, les échanges économiques entre l’Algérie et la Tunisie ne dépassent pas les 2 %. En termes d’implantation économique, environ 763 sociétés tunisiennes sont actives actuellement en Algérie dans des domaines très variés (industrie, services, ingénierie, TIC, distribution, communication).  

Sur le plan énergétique, l’Algérie, qui exporte son gaz vers l’Italie via le gazoduc «TransMed» traversant le sol tunisien, a beaucoup à gagner avec un voisin respectueux des liens de fraternité partagée avec les peuples de la région. A travers l’accord liant les deux pays sur ce plan, la Tunisie bénéficie d’un volume à hauteur de 3,8 milliards de mètres cubes d’approvisionnement en gaz algérien comme droit de passage par son territoire du «TransMed».

Un accord qui permet à la Tunisie de faire une économie de plus de 173 millions de dollars. La consolidation de la coopération économique entre les deux pays, liés, faut-il le rappeler, par un accord commercial préférentiel dont l’entrée en vigueur est intervenue le 1er mars 2014, est l’un des objectifs cruciaux. Malgré cet accord, les échanges commerciaux entre les deux pays voisins restent marginaux. Les deux partenaires ont encore du chemin à faire pour fructifier et améliorer les échanges commerciaux et d’investissements. 

Quel potentiel à l’export pour la Tunisie ?

Le marché algérien pourrait offrir un fort potentiel pour les exportateurs tunisiens prêts à y investir. La proximité du marché algérien ainsi que la similitude culturelle sont des atouts importants pour le développement des relations commerciales et surtout la promotion des exportations à même de permettre aux opérateurs tunisiens de concurrencer ceux des pays exportateurs lointains de l’Asie et du Moyen-Orient. Mais, faut-il le rappeler, le solde commercial de la Tunisie est structurellement déficitaire envers l’Algérie, alors que les possibilités sous-jacentes à l’exportation sur ce marché sont assez importantes.

L’examen de l’évolution des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’Algérie sur la période 2011-2021 montre que les importations en provenance de l’Algérie dépassent de loin les exportations vers ce marché se soldant, ainsi, par un déficit structurel. « Ce déficit est imputable principalement à l’importance des importations du gaz naturel au cours de cette période nonobstant l’excédent enregistré en 2016, a fait observer l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (Itceq).

De plus, l’évolution du déficit commercial montre qu’il a été moins important sur les cinq années 2017-2021 (605 M de dollars en moyenne par an) par rapport à la période 2011-2015 (1.501 M de dollars en moyenne par an).

Par ailleurs, la part de l’Algérie dans les échanges extérieurs de biens de la Tunisie sur la période 2011-2021 demeure faible, atteignant environ 3% du total des exportations et à 6 % de celui des importations en moyenne par an. Il est à souligner que cette part a été plus stable au niveau de l’export qu’à l’import.

Concernant la structure des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’Algérie, elle se caractérise par une certaine concentration, notamment au niveau des importations tunisiennes. En effet, les importations sont prédominées par le gaz naturel qui, lui seul, détient environ 92% du total de biens, suivi par le sucre et les produits raffinés du pétrole avec des parts trop faibles de 1.5 % et 1.4 % respectivement.

Il est à souligner que «si l’Algérie constitue le principal fournisseur de la Tunisie pour le gaz naturel, elle ne l’est pas pour le pétrole brut et le pétrole raffiné. En effet, le pétrole brut est principalement importé du Caucase, alors que le pétrole raffiné est fourni essentiellement par l’Italie, la Russie, la France et la Grèce », précise l’Itceq. 

S’agissant de la structure des exportations, l’on constate que les 20 premiers produits exportés par la Tunisie vers l’Algérie occupent plus de 80 % du total de biens. Les plus grandes parts sont détenues par les ouvrages métalliques, les articles en plastique, la chimie minérale de base, les véhicules utilitaires, le ciment, les instruments de mesure, le matériel BTP et les fournitures électriques qui représentent environ 53% du total des exportations de biens sur la période 2011-2021.

Performances compétitives

Selon la même source, les performances des exportations tunisiennes sur le marché algérien sont appréciées par le positionnement compétitif global de la Tunisie en termes de parts de marché et de dynamisme de la demande par produit, en mettant l’accent sur les avantages comparatifs dont dispose la Tunisie sur le marché algérien.

La part de marché de la Tunisie sur l’Algérie pour les exportations de biens demeure trop faible ne dépassant pas 1% en moyenne par an sur la période 2011-2021. Elle a fléchi de 4.6 % pour atteindre 0.69 % en 2021 contre 0.96 % en 2011. Cette part s’avère moins importante que celle d’autres pays exportant vers l’Algérie, dont notamment la Chine, la France, l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie et la Turquie.

L’examen de la structure des importations de biens de l’Algérie sur la période 2011-2021 montre qu’elles sont prédominées par les produits mécaniques et électriques suivis de la chimie, des produits alimentaires et de l’agriculture.

Il est à souligner que « la complémentarité des exportations tunisiennes avec les importations de l’Algérie est relativement comparable à celle avec ses principaux partenaires européens qui est de l’ordre de 57 % pour la France, 60 % pour l’Allemagne et 51 % pour l’Italie.

Toutefois, les parts de ces pays dans les exportations tunisiennes sont beaucoup plus importantes que celle de l’Algérie». En dépit de la proximité géographique, linguistique et culturelle de la Tunisie avec l’Algérie et de la complémentarité commerciale entre ces deux pays, les exportations tunisiennes vers ce marché demeurent faibles et ne dépassent pas les 3 % du total des biens durant la dernière décennie.

Néanmoins, «les performances compétitives sont relativement bonnes pour certains groupes de produits dans la mesure où ces derniers disposent d’un avantage comparatif sur l’Algérie et permettent à la Tunisie de se classer dans des positions respectables», a fait remarquer l’Itceq. Par ailleurs, la Tunisie demeure encore en retard par rapport à d’autres pays comme la Chine, la Turquie et certains pays de l’UE, notamment, au niveau des exportations de vêtements et de produits agricoles.

De tels résultats laissent déduire que l’Algérie pourrait constituer un marché potentiel pour les exportateurs tunisiens.  En dépit de leur proximité géographique et culturelle, «les échanges entre la Tunisie et l’Algérie demeurent loin des attentes et des objectifs escomptés». La Tunisie fait, en effet, face à un nombre d’enjeux, ayant trait à l’intégration économique de la région de l’Afrique du Nord, la concurrence de certains pays, à savoir la Chine, les pays de l’UE, la Turquie…

Pour relever ces enjeux, «il faudrait valoriser le potentiel à l’export sur le marché algérien, et ce, en poursuivant l’amélioration des procédures administratives, logistiques et douanières afin d’optimiser l’accord commercial préférentiel entre la Tunisie et l’Algérie.

Il s’agit aussi de promouvoir le commerce et l’investissement entre les deux pays en créant des projets de partenariat dans les secteurs d’activité à fort potentiel et en favorisant l’implantation des entreprises tunisiennes sur le marché algérien. Ceci outre la consolidation des mécanismes bilatéraux de lutte contre le commerce informel et la spéculation des marchan

dises.

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