
Alors que le secteur touristique tunisien tente de se repositionner sur la scène internationale, la chaîne hôtelière El Mouradi dévoile une feuille de route ambitieuse : introduction prochaine en bourse, ouverture aux franchises internationales et repositionnement stratégique autour de nouveaux pôles d’attractivité. Objectif affiché : moderniser l’offre, diversifier les clientèles et s’imposer comme un acteur régional incontournable.
Présente depuis plus de 30 ans dans le paysage touristique tunisien, El Mouradi est aujourd’hui la plus grande chaîne hôtelière du pays, avec 16 établissements répartis sur neuf zones touristiques et une capacité d’accueil de 16 000 lits. Mais si son envergure est bien ancrée, c’est son avenir qui suscite aujourd’hui l’intérêt : lors d’une récente rencontre avec la presse, les dirigeants du groupe ont dévoilé un projet de transformation de grande ampleur.
Au cœur de cette stratégie : une entrée en bourse prévue dans les prochaines années, destinée à renforcer la solidité financière du groupe et une ouverture aux enseignes hôtelières internationales sous forme de franchises. Une double offensive pensée pour répondre aux exigences d’un marché en mutation, tout en valorisant les atouts locaux.
Vers la Bourse et au-delà
Bassem Znati, directeur commercial du groupe, a présenté les grandes orientations stratégiques de la chaîne et dressé un état des lieux des projets en cours ainsi que des perspectives d’avenir de l’entreprise.
Parmi les annonces majeures de cette rencontre, la volonté du groupe de s’introduire en bourse dans les années à venir retient l’attention. “Cette décision stratégique vise à renforcer la transparence, mobiliser de nouveaux financements et accélérer la modernisation de l’offre hôtelière… L’objectif est d’asseoir la solidité du groupe tout en s’ouvrant à des partenariats internationaux”, a-t-il souligné.
Dans cette optique, il a ajouté que des négociations sont en cours avec plusieurs chaînes hôtelières étrangères. Le point de départ de cette ouverture sera l’hôtel Africa, situé en plein centre de Tunis, qui bénéficiera d’une rénovation complète. L’ancien cinéma Africa sera, quant à lui, transformé en centre des arts afin de renforcer la dynamique culturelle de la capitale.
Dans ce même cadre, Znati a rappelé qu’avec 16 établissements répartis dans neuf régions, du nord côtier aux portes du désert, El Mouradi revendique la plus grande capacité hôtelière du pays avec 16 000 lits. “Rien que dans la région de Hammam Sousse, la chaîne exploite cinq hôtels totalisant 5 000 lits dans les catégories 3 à 5 étoiles, avec un positionnement adapté aussi bien au tourisme familial qu’aux voyages d’affaires et au bien-être”, a-t-il encore précisé.
Miser “toujours” sur la clientèle locale
Outre l’hébergement, la chaine investit également dans le tourisme sportif. Le complexe de Sousse comprend quatre terrains de football aux normes internationales, utilisés comme base d’entraînement par plusieurs clubs tunisiens et étrangers. L’enseigne dispose aussi de sept courts de tennis modernes, renforcés récemment par l’installation de la Confédération africaine de tennis transférée du Maroc vers la Tunisie. Un signal fort pour le développement de cette discipline dans le pays.
Par ailleurs, cinq centres de thalassothérapie, dont deux situés à Sousse, complètent l’offre bien-être du groupe, positionnant certains de ses établissements parmi les plus complets du bassin méditerranéen.
Sur un autre plan, le groupe a fait du tourisme de congrès un axe stratégique. En dépit du ralentissement de ce segment en Tunisie, l’établissement conserve une position dominante. Dernier exemple en date : le congrès international de cardiologie, qui s’est tenu récemment à l’un de ses hôtels, a rassemblé près de 800 professionnels de santé venus de Tunisie et de l’étranger.
Dans ce care, Mohamed Souissi, directeur du produit “Tourisme de congrès”, a souligné que ce segment est en évolution constante et que l’amélioration du transport aérien pourrait significativement doper cette activité. Toutefois, l’insuffisance de liaisons aériennes constitue encore un frein au développement soutenu du tourisme d’affaires en Tunisie.
Finalement et non moins important, Bassem Znati a insisté sur l’importance du tourisme intérieur, pilier souvent négligé des stratégies hôtelières. “Le touriste tunisien est au cœur de notre approche. Contrairement aux marchés étrangers, il n’est pas soumis aux aléas géopolitiques ou économiques internationaux. C’est un public fidèle, mais exigeant”, a-t-il précisé, tout en ajoutant que la chaîne s’efforce donc d’adapter ses tarifs à la réalité socio-économique du pays, tout en maintenant un niveau de service compétitif.