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Une étape inédite franchie

Editorial La Presse

IL faut admettre définitivement que les relations internationales ont pris un tournant inédit ; le rôle donné à l’ONU depuis sa création, pour résoudre les conflits à travers le monde en appliquant le droit, a perdu de son efficacité et s’étiole au fur à mesure que le langage de la force et des armes s’impose.

La dernière déclaration du secrétaire général de l’Onu en est un exemple criant : Antonio Guterres n’ordonne pas l’arrêt de la confrontation entre l’Etat sioniste et l’Iran et l’entrée en guerre des Etats-Unis, mais il invite (sur un ton presque plaintif) « à donner une chance à la paix ». Faut-il ajouter qu’avec la présence sur la scène politique mondiale de deux têtes à la pensée conquérante et dominatrices comme Trump et son dauphin Netanyahu, la faiblesse des forces de paix ne fera, hélas, que s’accentuer.

La dénonciation mondiale du génocide de Gaza commençait à se faire une place dans les cercles politiques occidentaux et partout ailleurs. L’Etat sioniste se trouvait il y a peu de temps isolé, critiqué pour ses crimes et ses méthodes de nettoyage ethnique. Pour changer son image de meurtrier de masse, l’Etat voyou a imaginé un stratagème diabolique, en montant une action d’éclat qui a mis ses crimes en arrière-plan de la scène internationale ; il attaque l’Iran sous prétexte de l’empêcher d’avoir accès à l’arme nucléaire. Autrement dit, il s’autoproclame gendarme de la région.

Quelques jours plus tard, à force de lamentations et de jérémiades, ce gouvernement fasciste a réussi à persuader son principal soutien, les Etats-Unis, à entrer en guerre. Il y est arrivé grâce à l’installation d’un climat d’urgence et de provocation à Tel-Aviv qui rend l’intervention américaine envisageable. Les médias y sont allés de leurs images et de leurs commentaires sur une catastrophe présumée : des touristes et des habitants locaux non armés en panique rejoignant les abris, des bâtiments détruits, l’aéroport fermé ont renforcé l’idée que le pays paria et agresseur est en danger.

Cette grande mise en scène sera suivie d’une semaine de suspense qui a tenu l’humanité en haleine : les Etats- Unis vont-ils intervenir ou non dans le conflit ?  Dans la nuit de samedi à dimanche, Trump a mis fin aux spéculations de tous bords ; sans consulter le Congrès, il frappe trois sites nucléaires en Iran (Fordo, Natanz et Ispahan). Une opération inédite et violente qui a suscité une alerte mondiale.

Netanyahu est sorti (provisoirement) de l’isolement, il félicite son parrain, déclarant que la décision des États-Unis de se joindre à la guerre « changera l’histoire » et de qualifier Trump de « prophète », lequel « prophète » s’alignera des jours plus tard sur le projet de son ami de changer le régime iranien, il lance déjà son mot d’ordre « Make Iran Great Again »

Cette attaque, doublée d’intentions bellicistes, est dangereuse et grave. C’est une rupture du droit, les EU décident quand ils veulent, non seulement de faire la guerre, mais de changer les régimes qui ne lui sont pas favorables. C’est une nouvelle séquence de violation de la Charte des Nations unies.

Pendant ce temps, le massacre continue, Gaza se meurt. Cette fois-ci sa mort n’est pas visible, elle est derrière les écrans.

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