
Les socios ont envahi le paysage sportif dans le monde et les clubs latins en premier lieu. On peut avoir un club détenu par une famille, une personne, un fonds d’investissement qui en tire des bénéfices (le club est finalement une société), mais, en même temps, il y a les socios qui sont des membres qui payent une cotisation et, à travers ce statut, ils ont le droit de voter aux élections du club et dans les assemblées.
C’est un modèle qui va plus avec le football hispanique et latin, essentiellement en Espagne où les socios du Barça et du Real sont une référence dans ce domaine. Les socios influencent beaucoup la gouvernance et les décisions du club à tel point que c’est un modèle qui commence à inquiéter les propriétaires.
Quand on est socio, on dépasse le statut classique de simple supporteur qui suit son club, qui assiste dans le stade ou qui achète les produits dérivés du club. C’est un supporteur VIP qui a son mot dans la vie du club, en premier lieu dans les élections. De plus, c’est quelqu’un qui finance le budget avec des dizaines de milliers de personnes qui injectent de grandes liquidités chaque année. Si on fait une comparaison avec l’expérience tunisienne, on trouve un décalage.
Cette expérience n’est pas nouvelle, on la trouve depuis des années, mais le champ d’intervention et le poids restent limités. Au CA, au CSS notamment, les socios sont une composante assez active, mais pas comme c’est le cas ailleurs. On est encore au stade des clubs-associations avec un statut indéfini et des difficultés juridiques à mobiliser des fonds. Ces socios ne sont pas aujourd’hui bien ancrés dans tous les clubs.
L’expérience du CSS et du CA est enrichissante, en tout cas, avec des fonds collectés, des projets d’infrastructure et une expertise offerte dans tous les domaines qui peuvent intéresser un club. Sauf que, dans le cas tunisien, les dirigeants se méfient de ces socios qui sont en général des cadres instruits et des gens passionnés. Ces dirigeants essayent de les éloigner parce qu’ils voient en eux des concurrents et des gens qui peuvent perturber le fonctionnement du club.
Ce qui est faux, bien sûr, mais traduit une obsession de posséder le club. L’idée récente des socios du CA de permettre aux membres de cette structure de voter aux élections au lieu des quelques centaines d’adhérents qu’on choisit souvent selon leur loyauté aux personnes, est intéressante.
Pour des clubs qui ont des centaines de milliers de supporteurs, devenir membre ou socio pour pouvoir voter donnera plus de crédibilité aux élections et permettra de garantir des revenus stables. Les socios, avec leurs compétences et loyauté envers les clubs, peuvent faire le contrepoids à un président de club ou tout simplement à ce fameux et inutile comité de sages qui incarne l’immobilisme de tous nos clubs.