Accueil A la une Quand la Chine m’est contée (3e et dernière partie): Shanghai : là où le communisme est né et où le futur s’écrit 

Quand la Chine m’est contée (3e et dernière partie): Shanghai : là où le communisme est né et où le futur s’écrit 

Par notre envoyée spéciale Marwa Saidi |

Ville cosmopolite, Shanghai est le symbole de l’ouverture de la Chine sur le monde. Convoitée par les puissances occidentales à la fin du 19e siècle, elle a été vouée à un destin politique forgé dans la résistance. Shanghai fut le théâtre névralgique de nombreuses batailles, notamment contre la dynastie Qing, contre les Japonais, et celles de Tchang Kaï-chek. Ces épisodes ont profondément marqué l’histoire de cette ville légendaire. Aujourd’hui, un monument commémoratif, le “Monument des héros”, trône au cœur du Bund — le boulevard emblématique de la ville — en hommage à ses “héros”. Shanghai a également joué un rôle décisif dans l’histoire politique de la Chine. C’est là qu’a eu lieu, en juillet 1921, le premier congrès national du Parti communiste chinois, en présence de Mao Zedong et d’une vingtaine de participants, dont trois communistes soviétiques. Le bâtiment qui a abrité cette réunion fondatrice a été transformé en musée, ouvert au grand public, où chaque détail a été soigneusement préservé pour faire revivre l’histoire du parti.

À travers sa mosaïque architecturale, la ville raconte son passé mais surtout se projette  vers l’avenir. Une ligne de démarcation sépare ces deux mondes : le Bund, qui longe la rivière Huangpu. Sur la rive gauche, s’élève l’ancienne concession internationale, avec ses bâtiments d’architecture occidentale gothique et baroque, aujourd’hui une attraction très prisée des touristes. De l’autre côté du fleuve, le célèbre quartier financier de Lujiazui qui abrite la Bourse de Chine, la quatrième plus haute tour du monde (dotée de l’ascenseur le plus rapide), ainsi qu’une centaine de banques nationales et étrangères, toise avec ses gratte-ciel imposants le passé colonial de la ville.

Compte tenu de son importance historique et économique, Shanghai s’est dotée d’un Centre d’exposition de la planification urbaine – également appelé musée de l’urbanisme – retraçant l’évolution de la ville. Si son premier plan d’aménagement remonte à 1931, le véritable tournant urbanistique s’est opéré en 1959, avec le premier projet d’urbanisme qui a permis d’installer des zones industrielles, des campus universitaires et des quartiers résidentiels. En 1986, dans le sillage des réformes économiques chinoises, les autorités ont fait de Shanghai un laboratoire d’expérimentation urbaine. Dix ans plus tard, toutes les industries furent délocalisées, et la ville s’imposa peu à peu comme le centre financier du pays. Depuis les années 1990, les gratte-ciel y poussent à une cadence soutenue, accompagnant une métamorphose urbaine continue. Le nouveau plan “Shanghai 2035” trace désormais les contours d’une métropole écologique, intelligente et durable.

La Chine, une société moderne enracinée
dans ses traditions

À Shanghai, comme dans la plupart des grandes métropoles chinoises, le mode de vie des Chinois laisse entrevoir une  société chinoise qui navigue entre attachement à ses traditions et ouverture à la modernité. Lors de notre séjour, nous avons appris que les nouvelles générations, dès la majorité, choisissent souvent de quitter le foyer familial pour poursuivre leurs études dans les grandes universités des grandes villes. Rompant avec l’ancienne tradition selon laquelle tous les membres de la grande famille vivent réunis ensemble sous le même toit, les jeunes choisissent de faire cavalier seul et les seniors, dotés d’un pouvoir d’achat confortable, vivent de manière indépendante. Au fil des années, le niveau de vie des Chinois — notamment des retraités — n’a cessé de progresser. On nous a indiqué que la pension moyenne des anciens ouvriers d’État atteint les 800 euros, une somme suffisante pour mener une vie aisée et voyager. Cette transformation sociale, amorcée dans les années 1990 avec la réforme économique, s’est accélérée grâce à l’augmentation continue des revenus : le salaire moyen dépasse aujourd’hui les 1 500 dollars. Fort d’un système de sécurité sociale robuste, d’une fiscalité allégée pour les classes moyennes, et d’un système éducatif performant qui forme des élites promues à un bel avenir, la société chinoise valorise le travail, l’excellence et la méritocratie. Se consacrer au travail est perçu comme une vertu dont les Chinois sont fiers. À Shanghai également, nous avons découvert que la communauté musulmane – bien que minoritaire (2 % de la population) – bénéficie de certains avantages : points bonus aux examens nationaux, congés supplémentaires, allocations mensuelles… Elle était par ailleurs exemptée de la politique de l’enfant unique. On recense aujourd’hui plus de 35.000 mosquées à travers le pays.

L’incontournable expérience culinaire

Enfin, la découverte de la Chine ne saurait être complète sans une immersion dans son univers culinaire, aussi riche que dépaysant. Parmi les incontournables : la fondue chinoise. Ce plat traditionnel attribué à la ville de Chongqing est un  véritable symbole de convivialité, et réunit famille et amis autour d’une marmite de bouillon fumant. Autrefois préparée avec des abats, du sel et des épices, cette spécialité se décline désormais en une infinité de variantes. Le principe reste immuable : autour d’une marmite chauffée électriquement, chacun plonge avec ses baguettes de fines tranches de viande, des légumes, des champignons ou du tofu, avant de déguster le tout accompagné de sauces épicées. Une expérience sensorielle chaleureuse, authentique et mémorable.

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