
Dans le spectacle «Al Khayl Wal Layl» de Karim Thlibi, joué à la clôture du festival de l’Asbu, une attention particulière a été portée au violoniste Zied Zouari. Par sa présence scénique et sa maîtrise de l’instrument, il a su imposer une signature artistique forte, confirmant, une fois de plus, son statut de musicien d’exception. Entretien.
La Presse — Est-ce que le spectacle a été conçu spécialement pour cette soirée ou sera-t-il rejoué lors d’autres événements ?
Ce spectacle est une commande du Festival de l’Asbu, et comme toutes les soirées de clôture de ce festival, il ne sera joué qu’une seule fois. L’année dernière, j’ai été à la tête du projet «Rouh el Arab» dans le même cadre. Nous y avons investi énormément d’énergie, mais malgré les promesses de plusieurs grands festivals, il n’a été présenté qu’à l’occasion de la clôture.
Le principal obstacle reste le coût de production. Il s’agit de spectacles multinationaux, avec des artistes venus de différents pays, ce qui implique des dépenses en devises étrangères. Ce sont encore des projets naissants. On n’est pas sûr d’avoir un grand public à les suivre, ce qui complique leur diffusion commerciale. Cependant, sur le plan artistique, je pense que ces créations sont d’une grande qualité.
Combien de temps avez-vous mis pour préparer ce spectacle ?
Le travail a commencé en octobre 2024. C’est Karim Thlibi, le meneur du projet, qui nous a réunis pour des résidences de créations intermédiaires. Nous nous sommes vus au moins une dizaine de fois avant de commencer le cycle de répétitions au mois de juin avec les transcriptions. J’ai mis les mains à la pâte, moi aussi.
En revenant à «Imagine» et en regardant ce spectacle, on remarque que le violon est un instrument de prédilection dans les œuvres de Karim Thlibi. Est-ce son choix ou le vôtre ?
C’est Karim qui prend les décisions. Il voit le violon au centre, comme un narrateur qui tisse le lien entre les différents solistes et raconte une histoire. C’est le fil conducteur qui est disséminé tout au long du concert. Vous avez vu l’énorme défi qu’on s’était fait sur un des solos. C’est un tempo inhumain.
C’était extraordinaire pour moi de jouer ce morceau en live. Un véritable challenge face au public, à mes étudiants qui me regardent.
Est-ce que vous avez d’autres projets en vue ?
Cet été, pour la Tunisie, nous avons « Imagine » de Karim Thlibi au Festival international de Carthage le 8 août. J’ai aussi ma tournée en France. J’espère pouvoir partir en Palestine du 15 au 20 juillet pour la création du premier orchestre symphonique palestinien à Al Qods. C’est le Conservatoire national palestinien Edward Said qui gère ce projet.
Je suis parmi les coachs sélectionnés pour former l’orchestre avec deux concerts prévus. C’est un beau rêve que nous tenons à réaliser. Espérons que la situation se calmera. Au pire des cas, on peut les coacher en ligne et reporter les représentations. Garder le lien avec eux est très important pour moi.