
Le siège de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) a accueilli, ce lundi 30 juin 2025, la cérémonie de clôture du Hackathon Hack4Justice.
Organisé par The Hague Institute for Innovation of Law (HiiL), en partenariat avec le Registre National des Entreprises (RNE) et avec le soutien financier de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), cet événement a réuni 21 équipes les 31 mai et 1er juin dernier. Startups, développeurs en intelligence artificielle, experts en legal tech et innovateurs se sont penchés sur deux défis majeurs : la conception d’un chatbot juridique facilitant l’accès à l’information administrative pour les entrepreneurs, et la création d’un simulateur de génération de dénomination sociale, visant à simplifier le choix d’un nom conforme aux exigences légales dès la phase de création d’entreprise.
Adel Chouari, Directeur Général du RNE, a détaillé les avancées technologiques issues de ce marathon d’innovation. Le premier défi consistait à optimiser la recherche et la validation des noms commerciaux, une étape souvent semée d’embûches en Tunisie. « Nous sommes confrontés à un paradoxe linguistique : les entrepreneurs pensent majoritairement en français, alors que l’enregistrement légal doit se faire en arabe », a-t-il expliqué. Pour y remédier, une solution intégrant un traducteur automatique et un moteur de recherche intelligent a été développée. Cet outil vérifie en temps réel la disponibilité d’une dénomination, tout en évitant les conflits avec l’ordre public ou les noms existants. Il propose également des alternatives cohérentes, réduisant ainsi le taux de rejet des demandes, actuellement supérieur à 20 %, avec l’ambition de le ramener sous la barre des 5 %.
Le second défi portait sur la simplification des démarches administratives, souvent perçues comme un parcours du combattant par les entrepreneurs. « Plus de 100 procédures sont recensées, mais elles restent difficilement accessibles au grand public », a souligné M. Chouari. Un système helpdesk automatisé a donc été mis au point, capable de compiler et générer en PDF l’ensemble des documents nécessaires à la création d’une entreprise, le tout gratuitement via le site officiel du RNE. « Il ne s’agit pas d’un simple chatbot, mais d’un outil évolutif, alimenté par l’apprentissage automatique et l’expertise de nos équipes », a précisé le directeur.
Raja Mazeh, directrice du bureau tunisien de HiiL, a salué l’engagement des 21 équipes, venues de divers horizons. « Notre objectif est de promouvoir une justice centrée sur l’humain, accessible et abordable », a-t-elle déclaré. Ce sixième hackathon organisé par HiiL en Tunisie a mis en lumière des projets ambitieux, évalués sur leur pertinence technologique, leur impact et leur viabilité économique. Après un mois de délibérations, deux équipes ont été primées. « Spartans », composée de Mohamed Ali Farhat, Youssef Ouhab, Malek Gharsallah et Chadheli Ghobel, a remporté le défi chatbot. Quant à l’équipe « Caméléon », formée d’Aymen Elkadhi, Khalil Bessaad et Noamen Hassen, elle s’est distinguée dans la catégorie simplification des procédures. Chacune a reçu une récompense de 15 000 dinars.
Mohamed Ben Néji, représentant de la CDC, a rappelé l’implication de l’institution dans ce projet, tant sur le plan financier qu’expertise. Un engagement qui confirme l’importance croissante des partenariats public-privé dans la modernisation de l’écosystème entrepreneurial tunisien.