
En donnant la parole aux artistes régionaux, en favorisant la transmission, en osant le débat et en s’installant au cœur de la cité, ce festival interroge la place de l’art dans notre société et affirme, avec force, que la culture est un droit, un moteur de lien social.
La Presse — La quatrième édition du Festival du Théâtre et de la Société s’est achevée ce dimanche 29 juin dans une ambiance festive et chargée d’émotions. Pendant une semaine, du 23 au 29 juin, la ville de Siliana s’est transformée en véritable scène à ciel ouvert, offrant à ses habitants un programme artistique riche et engagé.
C’est avec la pièce «Danse celeste » de Tahar Issa El Arbi, précédée d’un concert du groupe musical Ankhab, que le rideau est tombé sur cette édition au complexe culturel de Siliana. Mais bien avant ce final poétique, le festival avait déjà conquis le public.
Siliana a vibré au rythme des musiques du monde, accueillant tour à tour Donia Hattab, Ines Chaabani, Rania Jdidi, Khawla Taous, Nourhane, Raouf Hadhaoui et bien d’autres. Les soirées théâtrales, quant à elles, ont su réunir un public hétérogène, jeunes et moins jeunes, curieux ou passionnés, venu assister en nombre à des spectacles aux thématiques fortes.
Chaque représentation a été suivie de débats et d’échanges nourris, révélant un public avide de questionnements artistiques et sociaux.
Le festival n’a pas seulement été un espace de diffusion, mais aussi un lieu d’apprentissage. Plusieurs ateliers de formation ont permis à des jeunes de s’initier aux langages du corps et du jeu : Voix et corps avec Rania Jdidi. Art du mime avec Khaled Bouzid. Écriture pour marionnettes : de la conception à la réalisation avec Walid Souaï.
À cela s’ajoutent des spectacles atypiques comme le cirque Laga Cirque ou encore la création chorégraphique « Nafas» d’Amel Aouini, qui ont élargi les frontières du théâtre pour embrasser d’autres formes artistiques.
Moment fort du festival, la série de rencontres intitulée Horizontale a proposé un espace de réflexion collective autour d’un thème central: «La spécificité artistique des expériences tunisiennes ». Artistes, chercheurs et écrivains ont partagé leurs points de vue dans un échange ouvert et interdisciplinaire. Parmi eux :
Slimane El Kamel (artiste plasticien), Yassine Laouni (enseignant en art dramatique), Seïf Ferchichi (chercheur en théâtre régional), ainsi que le metteur en scène Mounir El Argui, et les écrivains Salah Bargoui, Mokhtar Zribi, Amjed El Obaidi, Jazia El Hammami et Nasser Rahali.
L’un des aboutissements de ces échanges est la volonté de créer une cellule de recherche conjointe avec l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Siliana, autour des esthétiques et des pratiques artistiques contemporaines.
Depuis sa création, le Festival du Théâtre et de la Société de Siliana incarne une démarche de décentralisation culturelle ambitieuse. Il investit l’espace public — rues, places, quartiers populaires— pour aller à la rencontre des citoyen·nes, loin des lieux culturels traditionnels souvent centralisés.
En donnant la parole aux artistes régionaux, en favorisant la transmission, en osant le débat et en s’installant au cœur de la cité, ce festival interroge la place de l’art dans notre société et affirme, avec force, que la culture est un droit, un moteur de lien social et un levier de transformation collective.