Accueil A la une Services publics – Nouvel indice de la BAD : La Tunisie dans le Top 10 africain

Services publics – Nouvel indice de la BAD : La Tunisie dans le Top 10 africain

La Tunisie affiche un score global de 53,68 points, se classant parmi les dix meilleurs pays africains en matière de services publics.

La Presse — La Tunisie se hisse à la huitième place du classement africain en matière de fourniture des services publics, selon un rapport inédit de la Banque africaine de développement (BAD). Publié en marge des Assemblées annuelles 2025, cet indice —baptisé « Public Service Delivery Index » (Psdi)— dresse un état des lieux sans précédent sur la qualité des services fournis par les Etats africains à leurs citoyens.

Un outil stratégique qui offre un regard neuf sur l’efficacité des politiques publiques sur le continent, et une opportunité de réévaluation pour les décideurs tunisiens.

Le Psdi repose sur une approche mixte : il combine 100 indicateurs secondaires à une enquête de perception citoyenne menée dans 49 pays. Il évalue la performance des Etats à travers cinq grandes dimensions : l’énergie et l’électricité, la souveraineté alimentaire, l’intégration régionale, l’industrialisation et l’inclusion socioéconomique.

Le score moyen africain s’élève à seulement 45,39 sur 100, révélant un écart de performance de 54,61 points à combler pour atteindre l’excellence.

Une administration structurée malgré les défis

Dans ce contexte continental, la Tunisie affiche un score global de 53,68 points, se classant parmi les dix meilleurs pays africains en matière de services publics.

Malgré les tensions économiques persistantes, le pays conserve une structure administrative relativement solide, qui lui permet de maintenir des niveaux de performance acceptables dans plusieurs secteurs clés.

Cette position est d’autant plus remarquable que seuls trois pays (Maurice, Egypte et Afrique du Sud) dépassent les 58 points.

La Tunisie dépasse des Etats dynamiques comme le Kenya, le Nigeria ou encore le Rwanda.

Selon le rapport, sa performance repose notamment sur la stabilité institutionnelle, un accès relativement large à certains services essentiels et une gestion publique qui reste efficace dans plusieurs régions, malgré les contraintes budgétaires et les inégalités territoriales.

Des progrès à consolider, des lacunes à combler

Toutefois, le rapport met également en lumière plusieurs faiblesses. À l’instar de nombreux pays du continent, la Tunisie reste en retrait sur la souveraineté alimentaire, un point critique dans le contexte actuel de dépendance aux importations céréalières et de vulnérabilité climatique.

L’inclusion socioéconomique est également un chantier majeur, avec des disparités marquées entre les régions côtières et les zones intérieures, notamment en matière d’accès à l’eau potable, à la santé et à l’éducation. En comparaison, Maurice, premier du classement (59,96), excelle en inclusion sociale et en énergie, tandis que l’Égypte (58,99) et l’Afrique du Sud (58,89) s’illustrent par la solidité de leurs infrastructures et de leur tissu industriel.

Le Maroc, quant à lui, qui occupe la 6e place (55,22), capitalise sur ses projets énergétiques ambitieux et ses zones industrielles, mais partage avec la Tunisie certaines faiblesses, notamment dans l’accès équitable aux services sociaux.

Un outil pour orienter les réformes

Le président de la BAD, Akinwumi A. Adesina, a rappelé lors du lancement du Psdi que « les services publics doivent construire du capital social et être évalués en fonction de leur capacité à le faire ». À travers cet indice, la BAD entend fournir aux gouvernements, mais aussi aux bailleurs et à la société civile, un outil clair pour identifier les priorités d’action et suivre les progrès accomplis.

À l’horizon 2027, un prix de la fourniture des services publics récompensera les pays les plus performants. Une initiative incitative à laquelle la Tunisie pourrait prétendre si elle poursuit ses efforts de modernisation de l’administration, d’amélioration de la qualité des services et de réduction des inégalités.

Ce classement, bien qu’imparfait, offre une boussole essentielle pour orienter les politiques publiques vers plus d’efficacité et d’équité. Il rappelle surtout qu’un secteur public performant est le socle indispensable à toute dynamique de développement économique, y compris pour l’émergence d’un secteur privé compétitif.

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