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Comment intégrer nos compétences tunisiennes qui rayonnent à l’international ?

Des chercheurs, des ingénieurs, des experts tunisiens s’illustrent à travers le monde. Leur réussite honore le pays. Mais on se demande pourquoi ce capital humain, précieux et reconnu à l’international, est si peu mobilisé au service du développement national

La Presse — Les compétences tunisiennes scintillent dans le firmament du savoir, mais à défaut de solutions d’intégration sur le plan national, on se contente pour le moment d’applaudir leurs performances. On ne peut contenir une joie incommensurable mêlée de beaucoup d’émotion, notamment de fierté, rien qu’à les voir accumulant les distinctions à l’étranger.

Ils ne cessent de faire honneur à la Tunisie à l’échelle internationale. Mais jusqu’à quand notre pays se contentera-t-il de féliciter ses compétences, ses chercheurs et ses savants ? Le temps n’est-il pas venu pour bâtir un lien solide et utile avec nos compétences et en tirer profit en termes de développement ?

Ces compétences tunisiennes qui rayonnent à l’international

Nombreux sont les exemples de réussite qui forcent le respect et l’admiration. Leurs noms sont, à l’occasion d’une consécration, cités par les médias et leurs travaux de recherches ou leur participation à des missions scientifiques spatiales sont le plus souvent mis en exergue. Le bonheur est total, et par fierté, on rappelle qu’ils sont tunisiens. Et puis, plus rien.

On n’entend plus parler d’eux. Les informations sportives ou se rapportant à un chanteur ou un chroniqueur de pacotille prennent le dessus sur les réseaux sociaux. L’absence de suivi de nos compétences nous replonge dans un quotidien alimenté par un flot d’informations secondaires qui finissent par occulter les noms de nos compétences.

Récemment, et plus précisément le 18 juin dernier, l’ingénieur Kamel Zouari, professeur en géologie à l’École nationale d’ingénieurs de Sfax, a été couronné par la prestigieuse International Association of Geochemistry en Italie, une distinction rare dans son domaine.  Il vient de remporter le premier prix de l’Association internationale de chimie géochimique (Iagc).

Une distinction en guise de reconnaissance de «ses contributions remarquables dans les domaines de la pollution des sols et des eaux souterraines, ainsi que des métaux lourds, et pour ses recherches de haut niveau qui sont devenues une référence à l’échelle internationale».

Dans une nouvelle réalisation qui reflète la valeur des compétences tunisiennes sur la scène sanitaire internationale, le Dr Majed Zemni a reçu le Prix Nelson Mandela pour la Promotion de la santé pour l’année 2025, décerné par le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 23 mai 2025 à Genève, et ce, en reconnaissance de son parcours professionnel et de ses contributions remarquables au développement du secteur de la santé.

À cette occasion, le directeur général de l’OMS a salué les progrès notables accomplis par la Tunisie dans le domaine médical, soulignant qu’elle fait partie des cinq seuls pays à avoir été récompensés cette année. Toujours à Sfax, le Centre international des rencontres mathématiques (France) a attribué à la Tunisie la Chaire «Pays du Sud» en sciences mathématiques pour 2026, sous la direction du professeur Ali Baklouti de l’Université de Sfax.

Lauréat du prix Pfizer 2024 décerné par l’Académie royale britannique, il devient ainsi le premier chercheur arabe à diriger cette prestigieuse chaire. Ce programme vise à renforcer la recherche, la formation des jeunes scientifiques et la coopération académique internationale. «Il contribuera à faire rayonner les mathématiques tunisiennes dans le monde», a déclaré le professeur Baklouti à la TAP.

Les compétences tunisiennes n’ont pas aussi manqué de conquérir l’espace. C’est ainsi que le nom de l’ingénieur en chef, Mohamed Abid qui a commencé ses études à l’école primaire Baccour de Sfax et a connu les grandes écoles et centres de recherches européens, a fini par rejoindre la prestigieuse équipe de la Nasa. Son nom figure parmi les membres de cette équipe dans le cadre de la mission spatiale «Mars 2020».

Dans un entretien téléphonique, le président de la République a félicité l’ingénieur tunisien pour sa contribution à l’envoi du rover «Perseverance» à la planète Mars et lui a souhaité plus de réussite et de succès.  Kaïs Saïed a indiqué qu’il suit les travaux de Mohamed Abid pour le développement d’une nouvelle fusée censée apporter des échantillons de bactéries et de roches de la planète rouge. À cette occasion, le Président de la République a également appelé l’ingénieur tunisien à peindre le drapeau tunisien sur la prochaine fusée.

Le Forum des compétences : un cadre idéal

Ce ne sont là que quelques exemples. Les Tunisiens figurent souvent parmi les talents les plus recherchés. Leur profil allie compétence technique, capacité d’adaptation et formation académique solide. Ils peuvent rayonner partout dans le monde. Paradoxalement, cette fierté nationale est très mal exploitée en matière de politique de développement nationale.

Ce capital humain est d’une valeur inestimable. La liste est bien longue. Des médecins, des ingénieurs, des économistes et des chercheurs tunisiens occupent des postes clés à l’étranger, souvent loin des projecteurs. Pourtant, ces profils forment un vivier de compétences dont le pays pourrait tirer un immense profit.

A notre connaissance, et à défaut d’un cadre adapté, d’une stratégie de récupération ou d’exploitation, il n’existe, à ce jour, aucune base de données centralisée, ou de mécanisme clair pour favoriser leur exploitation sur le plan national. Toutefois, le «Forum national des compétences tunisiennes à l’étranger», dont la première session a été organisée en août 2024 par le ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger sous le haut patronage du Président de la République, pourrait bien contribuer à instaurer un réseautage entre ces compétences pour servir les intérêts de la Tunisie, en faire une force de proposition et les impliquer davantage dans l’effort national de développement.

L’heure est à l’action, et il faut interagir avec nos compétences de manière directe. On n’est plus en droit de se contenter d’applaudir. Il ne suffit plus de saluer les réussites tunisiennes à l’étranger à coups de communiqués.

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