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Chroniques de la Byrsa : Décentraliser l’initiative

A la fin du siècle dernier, on aurait dit « lieux de mémoire ». C’était à la mode, pour évoquer des endroits où se seraient produits des événements significatifs et cela pouvait tout aussi bien désigner des espaces ouverts ou des locaux qui auraient été le théâtre d’un fait marquant, d’une présence évocatrice. « Ici eut lieu tel épisode de l’histoire » ou encore : « Ici a vécu telle figure célèbre ».

Cela valorisait l’endroit pour l’inscrire sur la trajectoire d’un parcours remarquable ou le dotait d’un statut singulier ; accessoirement (quoi que…) cela lui donnait une plus-value bienvenue en cas de transaction commerciale.

Le pourquoi de cette tirade ? Tout simplement la poursuite d’une réflexion entamée dimanche dernier à propos du chapelet de localités qui ponctue le littoral nord de la capitale dans le prolongement des cités au passé prestigieux, telles La Goulette, Carthage, Sidi Bou Saïd et La Marsa. La plupart d’entre elles sont dotées d’une identité que la majorité de leurs occupants actuels ignorent et dont la reconnaissance, pourtant, les doterait d’une certaine noblesse tout en en enrichissant la notoriété et l’attractivité. 

On ne prendra évidemment pas pour exemple les « cités » surgies comme par enchantement ces trois ou quatre dernières décennies et dont la mémoire est pour ainsi dire encore vierge, ayant dû s’implanter sur des terres nues et ne s’étant pas encore dotées d’« anciens » qui pourraient constituer l’ébauche d’une conscience collective.  

Par contre, des endroits comme Douar Chatt, abusivement rebaptisé Byrsa, et, bien plus encore, Le Kram, La Maalga, par exemple, eux, sont dotés d’identité, de mémoire. Et il y a lieu d’exploiter ce fonds pour en faire si ce n’est un produit touristique et culturel à part entière, du moins un circuit destiné aux résidents et à leurs visiteurs pour valoriser et le passé et ses survivances matérielles qui redonnent leurs lettres de noblesse à des cadres de vie aujourd’hui noyés dans la médiocrité urbaine et architecturale de décideurs incultes.

Une telle réhabilitation ne saurait être le seul fait des bonnes volontés (à supposer qu’elles existent et qu’elles soient entreprenantes). Elle requiert également l’engagement actif et désintéressé de spécialistes pour donner corps à cette approche. Le centralisme forcené qui a veillé aux destinées de notre pays dans tous les domaines a lourdement handicapé l’épanouissement d’initiatives généreuses pour favoriser l’essor de l’entreprise citoyenne, solidaire et désintéressée. 

Dès son lancement, début des années 60 du siècle dernier, le secteur du tourisme a été placé entre les mains de l’Office national du tourisme tunisien (Ontt). La moindre décision relative à ce secteur n’importe où sur le territoire de la République a toujours été prise à l’avenue Mohamed-V, à Tunis. Comment se passent les choses chez la concurrence qui a si bien réussi ailleurs ? Il n’y a pas UN office du tourisme mais DES offices régionaux et locaux qui gèrent le secteur en fonction des réalités du terrain et des opportunités en parfaite symbiose avec les acteurs locaux.

Quand nous réveillerons-nous enfin ?

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