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La cochenille en ligne de mire !

Qui l’aurait cru ? Le cactus deviendrait un jour un sujet de préoccupation nationale, qu’il occuperait une place de choix à la Une des journaux à la rubrique économique, presque au même titre que les agrumes ? C’est pourtant ce qui arrive ces jours-ci et qui soulève de forts émois en milieu paysan avec le retour sur le devant de la scène des cochenilles de cactus qui semblent gagner du terrain en péninsule capbonaise et mettre en péril un secteur d’activité agricole dont on ne soupçonnait pas le poids dans la balance commerciale du pays.

Il fut pourtant un temps — c’était dans les années 60 du siècle dernier — où cette plante introduite dans notre pays au XVII° siècle via les vagues de réfugiés chassés d’Espagne qui l’avaient eux-mêmes héritée des colons venus du lointain Mexique était déclarée ennemie publique numéro 1 et dont l’éradication avait été proclamée objectif national. Il s’agissait en fait de démanteler les haies de cactus qui délimitaient des parcelles de poche qui empêchaient le remembrement d’exploitations morcelées à l’infini par les mécanismes de l’héritage. 

Le renoncement, fin des années 60, à la politique de socialisation des moyens de production a non seulement rétabli la propriété privée dans tous ses droits mais a dans le même mouvement réhabilité le cactus, à nouveau admis à l’honorable fonction de haie. Du coup, on a redécouvert les services « annexes » qu’offre cette plante : un fruit qui a été « élu » sultan des fruits, dira-t-on dans le jargon publicitaire de nos jours, raquettes dont on avait oublié qu’elles pouvaient servir pour l’alimentation du bétail et bien d’autres choses encore qu’on commençait tout juste à découvrir. 

Première au monde en ce qui concerne la production certifiée biologique des figues de Barbarie

Les sites dédiés à ce produit nous informent qu’au tout début, le secteur se focalisait presque exclusivement sur l’huile de pépins de figue de Barbarie bio, un produit cosmétique anti-âge très prisé. Mais aujourd’hui les entreprises proposent aussi des gels, des crèmes, des savons, des shampooings, des déodorants et beaucoup d’autres produits avec plus de valeur ajoutée. 

En 2014, seule une entreprise travaillait dans la transformation de la figue de barbarie, aujourd’hui on en compte 14. Au cours des trois dernières années, le nombre d’opérateurs a sextuplé. 67 entreprises ainsi que 14 jeunes porteurs d’idées d’investissements représentent un potentiel qui va grandissant. 

Aujourd’hui, la Tunisie compte 600 000 hectares de figuiers de Barbarie. Le pays est classé 5e au monde en termes de surface cultivée et est parmi les top trois en termes de production de figues de Barbarie issues des plantations commerciales et environ 1000 emplois permanents et saisonniers ont été créés surtout au profit des femmes. En ce qui concerne la production certifiée biologique des figues de Barbarie, la Tunisie est placée première au monde selon l’Agence Bio.

Derrière ces performances remarquables, un acteur aussi discret qu’efficace et qui a su booster un secteur qui place notre pays en peloton de tête sur ce créneau : l’Agence nationale pour le développement du cactus (Anadec) qui est sur tous les fronts pour assurer la promotion de toute la filière. Elle assure la vulgarisation de cette culture, assiste à la l’étude des projets, organise des sessions de formation, la participation des opérateurs à divers événements promotionnels à l’intérieur et à l’étranger, elle a institué en 2019 le Festival annuel de la figue de Barbarie à Kasserine, etc.

Aujourd’hui l’Anadec se mobilise sur le front de la lutte contre la cochenille.

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