Accueil A la une Brahim Nabli, chef du projet « Forsa » à La Presse : « L’appui des structures gouvernementales donnera une nouvelle dimension au projet »

Brahim Nabli, chef du projet « Forsa » à La Presse : « L’appui des structures gouvernementales donnera une nouvelle dimension au projet »

Initié par le Groupement d’Intérêt Économique « Mdinti », le projet « Forsa », qui vise à améliorer l’intégration sociale et économique des jeunes de la Médina grâce aux métiers du tourisme alternatif, vient d’être clôturé. Fort du succès de cette première expérience, une nouvelle version de ce projet pilote pourrait voir le jour. Rencontré en marge de la cérémonie de clôture, qui s’est tenue récemment à la Médina, Ibrahim Nabli, chef de projet, apporte son éclairage.

La Presse Commençons par la genèse du projet «Forsa». Comment l’idée de ce projet est-elle née ? 

«Forsa» est un programme initié par le Groupement d’Intérêt Économique «Mdinti», qui réunit une dizaine d’acteurs de la Médina (artisans, restaurateurs, maisons d’hôtes, libraires…) avec pour mission de promouvoir le rayonnement de cette zone touristique.  

Le projet cible les jeunes dits «Neet» (Not in Education, Employment or Training), c’est-à-dire ceux qui ne sont ni scolarisés, ni employés, ni en formation. L’idée a émergé grâce à Leila Ben Gacem, présidente du groupement. Possédant plusieurs maisons d’hôtes à la Médina, elle connaît bien la zone et ses habitants. Elle a constaté que de nombreux jeunes, en situation de décrochage scolaire et livrés à eux-mêmes, sont exposés à des risques de délinquance.

D’où la nécessité de favoriser leur intégration sociale, notamment par le biais des métiers du tourisme alternatif.  

Il faut dire que la Médina compte de nombreuses maisons d’hôtes et restaurants qui nécessitent des profils spécifiques, différents de ceux recherchés par les établissements touristiques classiques et formés dans les écoles professionnelles traditionnelles. Et c’est comme ça que l’idée d’élaborer un programme de formation adapté à ces besoins est née.    

Nous avons ensuite pu mobiliser un bailleur de fonds, la Fondation «Drosos», qui a adhéré à ce projet pilote. Nous l’avons qualifié de «pilote» car notre objectif initial était de cibler un nombre limité de jeunes afin d’obtenir un impact concret et mesurable.

Comment s’est déroulé le projet  «Forsa» ?

Le projet s’est principalement adressé aux jeunes issus de la Médina. Certes, nous avons accepté des candidatures de jeunes éligibles originaires d’autres régions du Grand-Tunis (comme La Manouba, l’Ariana…), mais l’objectif premier était de se concentrer sur la jeunesse médinoise. Nous avons accueilli 12 jeunes par cohorte, avec 5 cohortes formées sur une durée totale d’un an et demi, soit 55 candidats au total. 

Aujourd’hui, nous célébrons la clôture du projet, lancé en février 2024, et mettons à l’honneur ces jeunes. La cérémonie a été rehaussée par la présence du Directeur général de l’Office du tourisme, qui a exprimé son soutien au projet. Un signal fort et encourageant, car nous souhaitons bénéficier de l’appui des structures gouvernementales pour donner au projet une nouvelle dimension. L’objectif est désormais de fédérer davantage de structures et de bailleurs de fonds pour prolonger cette initiative ou en lancer de nouvelles similaires.

Une formation accélérée : pourquoi ce format ?

Il s’agissait, en effet, d’une formation accélérée (bootcamp), d’une durée d’une semaine. Bien entendu, une semaine n’est pas suffisante pour une formation exhaustive. L’objectif était surtout de familiariser les jeunes avec les métiers du tourisme alternatif, leur faire découvrir ce secteur et s’initier à ses codes : cuisine, hygiène, accueil des clients, check-in, check-out, planification de circuits dans la Médina… Une attention particulière a été accordée à l’apprentissage de l’anglais, notamment l’anglais du tourisme (English for tourism).

Après le «bootcamp», les participants ont intégré des établissements touristiques de la Médina (hôtels, maisons d’hôtes, restaurants…) pour y effectuer un stage de deux mois où ils ont pu apprendre sur le tas. Parallèlement, ils ont suivi des séances hebdomadaires d’anglais, d’une durée de deux heures, pour consolider et perfectionner leur maîtrise de la langue.

Comment évaluez-vous les résultats obtenus ?

Pour une première expérience, nous sommes très satisfaits. Le taux d’intégration professionnelle a atteint 40 %, ce qui est un résultat encourageant, surtout quand on sait que ces jeunes étaient en situation de décrochage scolaire. Nous espérons que ce succès attirera l’attention de nouveaux partenaires désireux de s’associer à l’initiative pour en assurer la pérennité.

Un taux de 40 %, c’est encourageant, mais cela reflète aussi un besoin criant en matière de ressources humaines dans l’écosystème touristique de la Médina…

Absolument. Le besoin est réel. D’ailleurs, le turn-over dans les établissements touristiques de la Médina est élevé, car il est difficile de trouver les bons profils. Les compétences sur le marché sont souvent figées : un réceptionniste, par exemple, ne saura pas forcément faire autre chose.

Or, à la Médina, les établissements recherchent des profils polyvalents: capables d’accueillir les clients, de les guider dans une virée à la Médina, de dresser une table pour le petit-déjeuner… Cette polyvalence, pourtant essentielle, manque aux formations classiques aux métiers du tourisme dispensées par les écoles traditionnelles de formation.

Charger plus d'articles
Charger plus par Marwa Saidi
Charger plus dans A la une

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *