
Au 1er Grand Prix féminin qui a eu lieu dernièrement à Olomouc en République tchèque, la championne mondiale et paralympique, Maroua Brahmi, s’est distinguée en décrochant deux médailles d’or au lancer de massue et du poids, soit la meilleure performance tunisienne au même titre que Raoua Tlili. Elle nous parle de cette performance, de sa carrière et de ses ambitions futures. Entretien.
La Presse — Comment avez-vous atterri dans le monde du sport ?
J’ai commencé ma carrière sportive en 2008 dans un centre à Gabès spécialisé dans les handisports. Je l’ai découvert à travers des camarades que je côtoyais dans une association pour handicapés à Gafsa. Quand mes camarades m’en ont parlé, j’ai dit à mon défunt père que je voulais découvrir ce type de sport. Et ça c’est passé ainsi. Puis, les performances que j’ai réalisées par la suite m’ont encouragée à aller de l’avant. Je me souviens de ma première consécration, une médaille d’or au lancer de massue que j’ai décrochée aux Championnats para athlétisme en Nouvelle-Zélande.
Après avoir réalisé cette performance, je suis retournée à Gafsa où j’ai intégré le centre d’athlétisme dédié aux sportifs valides et à besoins spécifiques. En 2012, j’ai remporté à Londres mes deux premières médailles paralympiques : une en or au lancer de massue et une en bronze au lancer du poids. En 2015, j’ai obtenu deux médailles d’or, aux lancers de massue et du poids aux Championnats du monde et deux ans plus tard, toujours aux Mondiaux, j’ai décroché une médaille d’argent au lancer de massue et une médaille d’or au lancer du poids.
Etes-vous satisfaite de votre carrière, sachant que vous avez connu une mauvaise passe qui a duré une certaine période tout de même ?
Après avoir réussi à reprendre une courbe ascendante, je suis assez satisfaite de ce que j’ai accompli jusque-là, même si comme vous l’avez signalé, j’ai connu une mauvaise passe qui a trop duré, de 2017 jusqu’à 2024 où j’ai retrouvé mon meilleur niveau aux Jeux paralympiques de Paris en obtenant une médaille d’or au lancer de massue, battant par là-même un nouveau record avec un jet de 29 mètres.
Je dois, d’ailleurs, mon regain de forme à mon entraîneur, Sami Zrelli, qui m’a appris à avoir plus de confiance en moi-même. Il sait me procurer une motivation spéciale quand j’aborde une compétition. Mon coach m’a surtout appris à me surpasser en me répétant à chaque fois que rien n’est impossible. Sami Zrelli est plus qu’un entraîneur à mes yeux. C’est un deuxième père pour moi.
Vous avez réalisé dernièrement de belles performances, deux médailles d’or, au Grand prix féminin en République Tchéque. Quels sont vos prochains objectifs?
Mon prochain objectif pour cette année est de décrocher l’or aux Championnats du monde para athlétisme qui se tiendront en Inde à la fin du mois de septembre. J’aspire aussi à battre un nouveau record.
Pensez-vous à prendre votre retraite ?
Certes, j’ai 36 ans, mais je me sens encore capable de réaliser de nouvelles performances. Je me sens à l’apogée de ma carrière. La retraite, ce n’est pas pour demain. Je n’ai pas encore dit mon dernier mot. Je pense même aller au-delà de l’actuel cycle olympique. Je ne compte pas arrêter ma carrière après les Jeux paralympiques 2028. J’ai encore à donner et j’ai du retard à rattraper, une sorte de revanche à prendre sur moi-même.
En quoi le sport a changé votre vie?
Il m’a permis d’acquérir une personnalité plus forte et une excellente mentalité de combattante. Un changement total. Je ne sens plus le handicap. Je l’ai complètement oublié.