
Avec 30 % de droits de douane annoncés, les relations transatlantiques entrent dans une zone de turbulences.
La Presse — A moins d’un mois de l’échéance fixée au 1er août, le président américain a annoncé, samedi, l’imposition de droits de douane de 30 % sur les produits en provenance de l’Union européenne (UE) et du Mexique. Une mesure-choc qui ravive les tensions commerciales transatlantiques et soulève de vives inquiétudes à Bruxelles comme à Mexico.
Dans une lettre diffusée via sa plateforme « Truth Social », Trump a justifié cette décision par le déficit commercial croissant des États-Unis vis-à-vis de l’UE, qui a atteint 236 milliards de dollars en 2024, en hausse de 13 % par rapport à l’année précédente. L’Union européenne, qui a exporté pour 606 milliards de dollars de biens vers les États-Unis, est dans le viseur d’un président obsédé par la réindustrialisation américaine et la réduction des importations.
Réactions immédiates à Bruxelles et Paris
L’annonce a suscité des réactions fermes de la part des dirigeants européens. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a averti que ces droits de douane pourraient perturber gravement les chaînes d’approvisionnement transatlantiques, notamment dans des secteurs sensibles comme l’automobile, la pharmacie, l’aéronautique et l’agroalimentaire.
Bien qu’elle ait affirmé vouloir poursuivre les négociations jusqu’à la date butoir, elle n’a pas exclu le recours à des contre-mesures proportionnées, préparées depuis 2020 mais jamais appliquées. Le ministre français du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a déclaré qu’il se rendrait à Bruxelles dès lundi pour travailler à une réponse coordonnée. De son côté, le président Emmanuel Macron a exprimé sa « très vive désapprobation » et appelé à accélérer la préparation de contre-sanctions crédibles.
L’Allemagne, également très exposée à la décision américaine en raison de son industrie automobile, plaide toutefois pour une approche plus pragmatique.
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump menace ses partenaires. Début avril, il avait déjà évoqué des taxes de 20 %, relevées à 50 % en mai, avant d’être reportées au 1er août. La décision de samedi marque donc une nouvelle escalade. Trump maintient une porte ouverte aux négociations, mais à des conditions strictes : que l’Europe ouvre davantage son marché, élimine les barrières non tarifaires et cesse, selon lui, de protéger ses industries au détriment des exportateurs américains.
Le Mexique également sous pression
Le Mexique est aussi visé, avec une taxe portée de 25 % à 30 %. Bien que l’accord commercial nord-américain (Aceum) protège une grande partie des produits mexicains, la présidente Claudia Sheinbaum a dénoncé une mesure « injuste » tout en affichant son optimisme quant à la possibilité de parvenir à un accord.
Trump reproche à Mexico son manque d’action contre l’immigration illégale et le trafic de drogue. Chez nous, une vigilance nécessaire, car les surtaxes américaines et la déstabilisation du commerce mondial pourraient avoir des effets indirects : baisse des investissements, tensions sur les chaînes d’approvisionnement européennes, ou fluctuations des marchés. Pour une économie largement extravertie, la multiplication des guerres commerciales entre grandes puissances reste un sujet de préoccupation stratégique.