
Lundi 14 juillet, il est 13 h 55. Le soleil cogne fort la capitale Tunis. Accablés par la chaleur, les usagers de la ligne Tunis-Goulette-La Marsa se ruent vers l’un de ces vieux bus de substitution déployés par la Transtu dans l’attente de l’achèvement des sempiternels travaux sur la ligne ferroviaire.
La Presse — Parmi eux, une personne à mobilité réduite en fauteuil roulant tente, gentiment, d’aborder un agent de la Transtu en civil. Elle lui demande comment monter à bord de ce bus de fortune. Le contrôleur, manifestement perplexe et gêné, ne s’attendait pas à une telle situation. Il tente d’activer le dispositif censé faciliter l’accès du bus aux personnes en situation de handicap. En vain. Soit le mécanisme est défaillant, soit le bus n’en est tout simplement pas équipé. Après quelques secondes, l’agent finit par lâcher : «Il faut attendre le prochain bus…».
Une réponse improvisée qui sonne comme un aveu d’impuissance. D’autant plus que les bus mobilisés sur cette ligne sont tous du même type, et sont visiblement non adaptés aux personnes en situation de handicap.
Notre pays s’est engagé pourtant à garantir l’accès de tous les citoyens — y compris les personnes à mobilité réduite — aux transports publics. La loi prévoit notamment l’aménagement des moyens de transport public de manière à en permettre l’usage aux personnes handicapées. Dans les faits, de nombreux moyens de transport restent mal équipés ou carrément inaccessibles, en l’absence de mécanismes adaptés ou faute d’entretien.
Ce n’est pas là une simple anecdote. Ce genre de scène ne devrait pas laisser indifférent. C’est une situation qui devrait nous interpeller collectivement et éveiller la conscience des décideurs. Il suffit de se mettre un instant à la place des personnes à mobilité réduite pour mesurer l’ampleur du problème.