
Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Fethi Zouhair Nouri, a souligné, mardi, que le potentiel économique de la diaspora tunisienne reste largement inexploité, malgré les avancées réalisées au cours des dernières années.
S’exprimant lors de la deuxième édition du Tunisia Global Forum (TGF), organisé à Tunis par l’Association des Tunisiens des Grandes Écoles (ATUGE), Nouri a appelé à une réorientation stratégique visant une intégration plus effective de la diaspora dans le processus de développement national.
Qualifiant la diaspora de « capital humain précieux », il a plaidé pour sa transformation en un actif financier durable, capable de contribuer au financement de projets structurants et à la relance de l’économie.
Il a notamment préconisé : une participation active de la diaspora à l’élaboration des politiques économiques, le renforcement des réseaux associatifs et professionnels existants etune amélioration de l’accès à une information transparente et centralisée.
Fethi Zouhair Nouri a également insisté sur la nécessité de développer des instruments financiers adaptés aux besoins de la diaspora, en s’inspirant des meilleures pratiques internationales. Parmi les pistes évoquées : l’émission d’obligations de la diaspora (« diaspora bonds ») destinées à financer des entreprises locales et des projets d’infrastructure, ainsi que la création de nouveaux produits d’épargne dédiés aux Tunisiens de l’étranger.
Dans le cadre de la modernisation de ses services, la BCT prévoit prochainement la mise en ligne d’une nouvelle plateforme numérique baptisée « EXOP », permettant le dépôt, le traitement et le suivi des requêtes adressées à l’institution. Une nouvelle version de la plateforme dédiée aux investissements en devises des non-résidents (fiche-invest.bct.gov.tn/Fichinvest) sera également déployée
Le gouverneur a rappelé que la diaspora tunisienne, estimée à 1,8 million de personnes, principalement en Europe et dans les pays du Golfe, représente l’une des principales sources de devises pour la Tunisie. À fin 2024, les transferts de fonds des Tunisiens de l’étranger équivalaient à 30 % des réserves de change de la BCT, soit environ 6,5 % du PIB national, contribuant à la stabilité macroéconomique du pays.
Outre leur rôle financier, les membres de la diaspora participent à la relance de la consommation, soutiennent la croissance économique, génèrent près de 2 % des recettes fiscales de l’État et investissent massivement, notamment dans le secteur immobilier.
De son côté, le président de l’ATUGE, Amine Aloulou, a indiqué que le Forum s’inscrit dans le cadre du « Mois de la Diaspora » (15 juillet – 15 août 2025), marqué cette année par une tournée nationale dans sept régions : Sfax, Siliana, Hammamet, Sousse, Kef, Djerba et Béja.
Cette tournée vise à reconnecter les talents de la diaspora avec les dynamiques locales, à stimuler des échanges entre experts, mentors et investisseurs, et à mettre en valeur les projets innovants et les opportunités d’investissement propres à chaque région.
Amine Aloulou a toutefois mis en garde contre les freins persistants à l’investissement pour les Tunisiens de l’étranger, pointant une déconnexion croissante avec le pays, des dysfonctionnements dans les services administratifs et bancaires, un environnement des affaires peu attractif et des contraintes logistiques, notamment au niveau du transport aérien.
« Ces défis doivent être relevés pour créer les conditions d’une ouverture économique véritable et d’un retour massif des investisseurs issus de la diaspora », a-t-il conclu.