Accueil A la une Orientation scolaire et universitaire : Un système à bout de souffle ?

Orientation scolaire et universitaire : Un système à bout de souffle ?

Disons-le sans ambages : l’accueil, l’encadrement et l’information des nouveaux étudiants de la part des établissements universitaires est loin d’être au niveau. L’étudiant se trouve seul dans un environnement inconnu. Dans de nombreuses institutions, le nouveau bachelier ne sait pas à qui s’adresser pour obtenir une information. Le début du parcours est très compliqué car ces novices sont livrés à eux-mêmes.

La Presse — Le parcours scolaire dans le secondaire n’est pas différent. Le lycéen, jusqu’en classe terminale, ignore ce qui l’attend, une fois reçu au bac.

Satisfaire les choix 

D’où, justement, l’incontournable question de l’orientation scolaire puis universitaire qui reste la grande inconnue.

Nous le constatons chaque année lorsque les nouveaux bacheliers sont soumis à l’épreuve des choix des filières.

La majorité, pour ne pas dire tous, affirme qu’ils n’ont aucune idée sur les parcours universitaires ou professionnels qui les attendent. Une indigence manifeste en matière d’information et de formation ! 

Le guide de l’orientation universitaire leur propose des centaines de spécialités dans plusieurs domaines d’études et de formation mais ils éprouvent toutes les difficultés du monde à faire le choix.

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs) assure, officiellement, qu’il met à la disposition des nouveaux bacheliers plus de 78.000 places dans les 12 universités du pays alors que le nombre des nouveaux bacheliers pour l’année 2025 est d’un peu plus de 76.000. Ces places se répartissent entre les 12 universités (sans compter l’université virtuelle) et les 206 institutions d’enseignement supérieur.

Or cette offre ne résout, en aucun cas, la problématique de la satisfaction des choix. Les futurs étudiants ne sont pas sûrs d’obtenir l’un des trois premiers choix et, à plus forte raison, le premier choix. À l’exception, bien sûr, des lauréats qui sont les premiers à être servis.

Les résultats de l’orientation universitaire ne satisfaisant pas tout le monde, beaucoup de bacheliers optent pour l’enseignement supérieur privé. Aujourd’hui, on trouve plus de 80 établissements privés qui s’efforcent d’être à l’écoute du plus grand nombre d’insatisfaits du secteur public.

D’autres étudiants choisissent de poursuivre leurs études à l’étranger dans des domaines qu’ils ne peuvent pas obtenir en Tunisie en raison du système d’orientation actuel comme les études en médecine ou en médecine dentaire ou pharmaceutiques. Ils y vont à leur propre compte dans des pays de l’ex-Europe de l’Est (Ukraine-surtout avant la guerre- ou la Roumanie). Cette opportunité n’est pas à la portée du premier venu.

D’autres destinations sont proposées par des agences et divers organismes plus ou moins officiels.

Déséquilibre entre les filières

Tout compte fait, le système d’orientation continue de traîner avec lui ses points de faiblesse et son inefficacité. On en mesure l’impact à la lumière des promotions annuelles et ces dizaines de milliers de diplômés qui ne trouvent pas d’emploi. D’un autre côté, on constate un déséquilibre dans certaines filières. Il y a, en effet, un manque dans des spécialités recherchées.

Pour mieux comprendre ce phénomène, il faut revenir au cycle de l’enseignement secondaire. Et là on voit que le système de l’orientation qui débute à partir de la première année, voire dès la neuvième constitue un vrai casse-tête autant pour les élèves que pour leurs parents. Les élèves ont le choix, dès la première année secondaire, entre 4 parcours: lettres, sciences, économie et services, technologie informatique.

C’est en deuxième année secondaire que les lycéens seront définitivement orientés vers les 7 sections qui mènent au bac; à savoir les sections lettres, mathématiques, économie et gestion, sciences expérimentales, sciences techniques, sciences informatiques et sport.

Bien sûr, il y a des possibilités de réorientation. Toutefois, ce sont les critères d’orientation qui ne cessent d’alimenter la polémique.

Ne plus investir à perte

Ces critères font en sorte que nous obtenions la configuration que nous connaissons. Il suffit de regarder la “pyramide” des sections qui se présentent au bac.

Ainsi, nous trouvons, du moins pour cette année, que les effectifs des candidats au bac ont favorisé la section “économie et gestion”. Ce qui veut dire que cette section a servi à “caser” le plus grand nombre d’élèves ayant posé des difficultés au niveau des critères en vigueur.

Le taux de refusés est assez élevé (57.26 %) après celui des littéraires qui est de 60.80 %.

La deuxième position est celle de la section “sciences expérimentales” avec ses 29.085 candidats mais avec un taux de recalés assez tolérable de 36.36 %.

La section “lettres” présente, toujours, un nombre de candidats relativement conséquent : 25.391. On trouve, en quatrième place, les candidats des “sciences techniques” au nombre de 19.659 suivis des “sciences informatiques” avec les 8.243 candidats. 

Les matheux n’alignent  que 7.981 mais affichent, comme toujours, les meilleurs taux de réussite: 82.62 %. Pour sa part, la section “sport” ne poserait aucun problème car les critères de choix lors de l’opération d’orientation sont plus clairs.

Ce classement selon les effectifs et selon les taux de réussite, montre un certain déséquilibre. 

Quand on sait aussi que le système actuel d’orientation est assez ancien, on comprend la nécessité de le réajuster afin de le mettre au diapason des évolutions technologiques et l’adapter aux nouvelles configurations du marché de l’emploi.

Car chacun de nous en conviendra: il n’est plus question d’investir à perte dans l’enseignement.

En d’autres termes, notre pays ne doit plus former des compétences et des diplômés pour, ensuite, gonfler les rangs des diplômés-chômeurs. Mais ce qui est plus grave c’est de former des élites qui iront utiliser leur savoir à l’étranger.   

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