Accueil A la une Approvisionnement et circuits de distribution : Lutte serrée contre les dérives du marché

Approvisionnement et circuits de distribution : Lutte serrée contre les dérives du marché

Face à la flambée des prix et à la persistance des pratiques spéculatives dans le secteur agricole, les autorités tunisiennes multiplient les initiatives pour encadrer les circuits de distribution, sécuriser l’approvisionnement du marché et préserver le pouvoir d’achat des citoyens.

Malgré les contrôles renforcés, le monopole et la rétention de stocks continuent de désorganiser la chaîne d’approvisionnement. Une réunion interministérielle tenue le 16 juillet 2025 a marqué un tournant, avec l’annonce de mesures d’urgence, allant de la constitution de stocks de régulation à l’intensification des contrôles, en passant par des réformes structurelles du cadre réglementaire.

Une stratégie qui vise à contrer les déséquilibres conjoncturels et à refonder durablement la distribution des produits agricoles.

La Presse —En dépit des opérations intensifiées de contrôle des prix, de suivi de l’état d’approvisionnement des marchés locaux en denrées alimentaires et de lutte contre le monopole de certains produits, les pratiques spéculatives, de monopole se sont multipliées depuis des années.

En effet, des instructions fermes et des directives ont été données pour le renforcement des opérations de contrôle des circuits de distribution afin de faire face à toute éventuelle spéculation que pourrait connaître le marché local, contrecarrer les infractions enregistrées et d’éviter le recours de certains commerçants au stockage et au monopole de certains produits alimentaires. 

Les circuits de distribution des produits agricoles sont souvent désuets, inadaptés et présentent un rapport coût/avantage élevé. C’est pour cela qu’ils sont peu attractifs et qu’une grande partie de la production est souvent écoulée dans les circuits parallèles.

Encadrer la distribution des produits agricoles 

Face à la montée des tensions sur les marchés agricoles et à la recrudescence des pratiques spéculatives, une série de mesures urgentes ont été prises pour encadrer la distribution des produits agricoles. Ces décisions, annoncées lors d’une réunion interministérielle le 16 juillet 2025, visent à garantir l’approvisionnement régulier des marchés, protéger le pouvoir d’achat des citoyens et soutenir les producteurs locaux dans un contexte de forte volatilité.

L’objectif principal était d’évaluer la situation de l’approvisionnement en produits agricoles à l’approche de l’automne, période traditionnellement marquée par une baisse de production, notamment pour les pommes de terre, les tomates et les oignons. Un état des lieux complet a été présenté, mettant en évidence des tensions sur certains produits, des risques accrus de spéculation et des dysfonctionnements dans les circuits de distribution.

Les ministres de l’agriculture et du commerce ont souligné l’urgence d’agir pour éviter une flambée des prix et une rupture d’approvisionnement dans les zones sensibles, notamment dans les gouvernorats du Grand Tunis, de Sfax, de Kairouan et de Béja.

Constitution de stocks de régulation 

Selon les données fournies sur le site spécialisé «Agri Tunisie», le ministère de l’Agriculture a mis en place un stock de régulation spécifique de 11.000 tonnes de pommes de terre afin de stabiliser le marché en cas de tensions d’approvisionnement ou de flambée des prix. 

Ce dispositif s’intègre dans une stratégie plus large de sécurisation du marché, qui prévoit la mobilisation de 45.000 tonnes au total, réparties entre les 20.000 tonnes de réserves traditionnelles, déjà stockées et régulièrement utilisées chaque année à cette période, et 25.000 tonnes supplémentaires hors programme, mobilisées à titre exceptionnel pour répondre à la baisse de rendement prévue cette année (2025).

La même source indique que ces quantités seront stockées dans des entrepôts agréés situés dans les régions de Jendouba, Siliana, Zaghouan et Kasserine, avec un suivi quotidien assuré par les délégations régionales. Les opérateurs privés sont tenus de vendre ces produits dans les circuits réglementés, sous peine de sanctions prévues par le décret-loi n°2022-47 du 4 juillet 2022, modifiant la loi n°94-86 relative aux circuits de distribution des produits agricoles et de la pêche.

L’exécutif a également décidé d’intensifier les contrôles sur les entrepôts, les routes et les points de distribution. «Une coordination nationale entre les services du ministère du Commerce, les brigades économiques et les forces de sécurité a été mise en place pour détecter les pratiques de rétention de stocks, de vente hors circuit et de manipulation des prix. Cette mesure vise à assurer la traçabilité des produits et à prévenir les détournements vers les marchés parallèles», assure la même source.

Pallier les éventuelles pénuries

Pour faciliter l’écoulement de la production locale, le ministère du Commerce a décidé de promouvoir le rôle des marchés de gros dans la stabilisation des prix et la régulation des flux de marchandises. 

Les autorités ont prévu un programme d’importation ciblé, avec des prix encadrés, pour pallier les éventuelles pénuries sur certains produits stratégiques comme l’oignon, la tomate et les fruits d’été. Les importations seront réalisées en concertation avec les chambres syndicales et les coopératives agricoles, afin de ne pas perturber le marché local.

Au-delà des mesures conjoncturelles, le gouvernement envisage une réforme structurelle des circuits de distribution agricoles. Le décret-loi n°2022-47 introduit de nouvelles définitions pour les entrepôts de stockage, les unités de conditionnement et les collecteurs de production. 

Les exploitants d’entrepôts doivent désormais tenir un registre officiel, afficher leur activité sur la façade du local et se conformer aux normes de sécurité et de prévention des risques. Toute rétention de stock ou spéculation est passible de sanctions allant jusqu’à 100.000 dinars d’amende et deux ans d’emprisonnement, selon les articles 29 à 31 de la loi modifiée. 

A travers ces mesures, les ministères de tutelle cherchent à préserver l’équilibre du marché agricole face aux défis climatiques, logistiques et économiques, à garantir un approvisionnement régulier et à protéger les consommateurs. 

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