
L’artiste qui a lui-même perdu de nombreux êtres chers, des membres de sa famille et des amis à Gaza, dit avoir été contacté par la direction du festival qui l’a convaincu de participer à cette édition, alors qu’il avait décliné de nombreuses propositions. «J’ai accepté dans le but d’aider mon peuple à Gaza, à qui je dédie tous mes revenus de ce concert», a-t-il déclaré.
La Presse — Une immense aura de solidarié et de communion a enveloppé le théâtre antique de Carthage et avec elle les drapeaux de la Tunisie et de la Palestine. Lequel pays était la raison pour laquelle le public s’est déplacé en très grand nombre le 27 juillet, à la rencontre du chanteur Mohammed Assaf. Un concert solennel nommé «Pour Gaza» dans lequel petits et grands ont exprimé leur soutien indéfectible à nos frères et sœurs qui subissent un génocide depuis le 7 octobre 2023.
L’artiste palestinien qui a suspendu toutes ses activités artistiques depuis deux ans, en raison de la situation dramatique que traverse Gaza, a décidé de briser le silence et de se produire à Carthage. «» «Keïfa nechfa men hob tounes?», disait le grand Mahmoud Darwich. La Tunisie a toujours soutenu la cause palestinienne dans différentes situations et à maintes reprises.
A vous, mes mes frères et sœurs tunisiens, je dis toute mon affection et ma gratitude. A Gaza el Ezza (la fierté) qui subit ce génocide dans un déroutant et terrible silence international. Tu n’as que Dieu Gaza. Je salue ton peuple brave, tes enfans meurtris, tes femmes, tes hommes… J’ai choisi d’être à Carthage, en Tunisie, pour qu’ensemble on fasse parvenir nos voix à Gaza et au monde entier… La Palestine demeurera libre.
J’espère être à la hauteur de cette responsabilité par respect pour Gaza et ses martyrs», c’est par ces mots qu’Assaf a inauguré son concert enveloppé par les applaudissements du public et les revendications d’une Plaestine libre «Free Palestine» (en anglais pour toucher le maximum de gens). Une délégation palestinienne, dont s’est démarquée un groupe de blessés gazzaouis accueillis par la Tunisie, était présente pour vivre ce moment.
L’artiste qui a lui-même perdu de nombreux êtres chers, des membres de sa famille et des amis à Gaza, dit avoir été contacté par la direction du festival qui l’a convaincu de participer à cette édition, alors qu’il avait décliné de nombreuses propositions. «J’ai accepté dans le but d’aider mon peuple à Gaza, à qui je dédie tous mes revenus de ce concert», a-t-il déclaré. Mohamed Assaf, pour ceux qui ne le connaissent pas, est né en 1989 à Misrata en Libye où il a vécu jusqu’en 1993, année où ses parents déménagent à Gaza, au camp de réfugiés de Khan Younis, où il a fréquenté l’école primaire de l’Unrwa.
Il a profondément touché le public arabe en remportant la deuxième saison du télé-crochet panarabe Arab Idol en 2013. Sa victoire, largement médiatisée, a été relayée par Al Jazeera English qui l’a interviewé à Doha, au Qatar, lors de sa tournée. La chaîne lui a même consacré un épisode entier de l’émission Inside Story, retraçant son parcours exceptionnel à travers Arab Idol. Présenté comme « le chanteur de mariages de Gaza, grandi dans un camp de réfugiés, devenu star internationale et héros palestinien », il est devenu une figure emblématique de la scène musicale arabe.
Il revient à Carthage après une première participation en 2015. Un retour qui s’ajoute à une carrière marquée par plusieurs albums comme « Makanak Khaly », en plus de plusieurs tournées régionales et internationales. La participation à la cérémonie d’ouverture du congrès de la Fifa en 2014 à Sao Paulo représente notamment l’un des moments clés de son parcours.
Un bel orchestre accompagnait l’artiste pour ce concert tunisien dans lequel il a présenté, bien entendu, les chansons à caractère patriotique qui composent son répertoire musical fait aussi de balades romantiques. Digne, vêtu d’un costume noir et drapé d’une koufiah, il adressait par moments de discrets sourires à l’audience.
Son ton, grave sans sombrer dans le mélodrame, portait un message clair: nous sommes ici pour soutenir Gaza, briser le silence, et faire front ensemble à travers l’art et la musique, pour dire non à l’injustice et à l’horreur. Assaf a chanté avec une puissance vocale impressionante de justesse et d’exresssivité, entre autres «Ana Dami falastini», «Salamon li Gaza», «Montasiba Al Kamati» et «Ya Bahriya» de Marcel Khalifa, «Y a banat baladna», une chanson dédiée à la femme palestinienne; «Aliy el Koufiah», la fameuse «Bektob esmak y a bladi» écrite et composée par le Libanais Erie Choueiri et l’émouvant «Mawtini» (« Ma patrie »), un poème écrit par le poète palestinien Ibrahim Touqan et composé par Mohamed Fleyfel pour clôturer la soirée.
«Merci du fond du cœur. Merci pour votre constant soutien à la Palestine. Que la paix soit avec vous et avec la Palestine», a dit le fils de Gaza avant de quitter sobrement la scène sous les acclamations du public. Vive la Palestine libre!