Accueil Culture «La Dame de Kerkoine» de Wajdi Gaidi & Houssem Sahli A Hammamet : Parler la langue des anciens 

«La Dame de Kerkoine» de Wajdi Gaidi & Houssem Sahli A Hammamet : Parler la langue des anciens 

La ville de Kerkouane est au cœur d’une célébration théâtrale. La pièce de théâtre «La Dame de Kerkoine» a pour vocation de mettre en lumière l’histoire punique de cette cité historique, véritable joyau patrimonial du Cap Bon tunisien. 

Le 4e art bat donc son plein en cette soirée du 28 juillet 2025, dans l’enceinte de l’amphithéâtre de la ville de Hammamet.

Une panoplie d’acteurs, tout âge confondu, ont endossé des rôles différents, en arborant costumes et éléments décoratifs. La création s’ouvre sur une chorégraphie de jeunes danseuses, avant d’embarquer éminemment dans un voyage historique, tumultueux, édifiant, qui se déroule dans une autre époque, où règnent croyances ancestrales, traditions sociales naissantes, relations de sang, de sociétés entremêlées et finalement des affrontements.

La trame se situe vers l’an 256 av. J.-C, pendant la première guerre romano-carthaginoise et plus précisément au moment de l’assaut destructeur de l’armée romaine sous le commandement des consuls Lucius Manlius Vulso Longus et Marcus Atilius Regulus.

Le point fort de la pièce qui interpelle : c’est son langage. «La Dame de Kerkoine» se déroule presque entièrement en langue punique ancienne — évidemment méconnue — du public, accompagnée d’un surtitre utile, voire indispensable à la compréhension de la pièce. Un surtitrage en deux langues : en anglais et en arabe est mis en marche.

La danse, le théâtre et un mapping — qui raconte quelques aspects de la cité antique de Kerkouane — fusionnent, afin de donner vie à la pièce et d’entretenir les faits qui se succèdent sur 1 heures 20 mn. Une narration en langue arabe ponctue les actes de la création.

Le langage est un élément central de la pièce : la langue littéraire arabe et le dialecte tunisien se sont confondus, tout au long de la performance. Des intermèdes en arabe ou en tunisien aèrent la pièce. Une cinquantaine d’acteurs ont occupé la scène, en alternant ou en rassemblant rôles phares, secondaires ou même en assurant des apparitions ou en dansant. 

Lors d’un point de presse, Houssem Sahli, un des deux metteurs en scène, derrière la réalisation de «La Dame de Kerkoine» raconte anecdotes et histoires autour du Centre culturel international de Hammamet. Selon Wajdi Gaïdi, tout est partie d’une volonté de valoriser le patrimoine de la ville de Kerkouane, notamment dans le cadre de l’événement «Le Mois du patrimoine».

La chanteuse et actrice Mariem Larayedh s’est donnée et s’est investie dans ce projet en interprétant un rôle féminin central. L’acteur Montassar Bezzez évoque une immersion totale dans un univers scénique autre que le sien. Différente du secteur musical. 

«Narrer ou raconter des faits d’une manière précise. La dramaturgie façonnée compte pour moi plus que la langue parlée ou de communication», cite Houssem Sahli et rappelle que toute l’équipe s’est entourée d’historiens et de spécialistes pour mettre bout à bout le travail.

Les acteurs sont constitués d’amateurs et de professionnels, qui se sont unis dans une ambiance d’entraide. L’écriture à vu le jour grâce à Amine Khammassi, qui a puisé dans d’autres références littéraires comme «Salammbo» de Gustave Flaubert. Le projet a inclus les jeunes de Nabeul et des régions qui se sont engagés tout au long de la création de la pièce. 

Deema Sahli, 12 ans, plus jeune actrice dans le casting, commente ses difficultés vécues dans le cadre de cette expérience et rappelle aussi qu’elle a été assistée et qu’elle a tout accompli à son rythme, à son aise. 

L’équipe derrière «La Dame de Kerkoine» aspire à occuper les sites-monuments historiques et les salles de théâtre, avec un cap sur l’étranger.

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