Accueil Communiqués La souffrance du peuple serbe pendant l’opération « Oluja » (« Tempête »)

La souffrance du peuple serbe pendant l’opération « Oluja » (« Tempête »)

Il y a trente ans, le 4 août 1995, l’Armée croate ensemble avec le Conseil de défense croate (en croate Hrvatsko vijece odbrane) et l’Armée de Bosnie-et-Herzégovine (ABiH) a lancé une attaque contre Lika, Kordun, Banija et le nord de Dalmacija, les régions qui faisaient partie intégrale de la République Serbe de Krajina (RSK) de l’époque. L’attaque a été réalisée malgré le fait que cette région était sous la protection des Nations Unies (secteurs « Sud » et « Nord »), de même que la veille, les représentants de la RSK ont accepté (à Genève et à Belgrade) une proposition de la communauté internationale sur la résolution pacifique du conflit.

Quelques jours après le début de l’opération « Oluja » (« Tempête »), il a commencé un exode d’environ 250.000 habitants vers la République Srpska, c’est-à-dire La République Fédérale de Yougoslavie (aujourd’hui la Serbie), qui ont été forcés à quitter leurs foyers. L’opération « Oluja » a suivi l’opération « Bljesak » (« Éclair ») qui a eu lieu en mai 1995, lors de laquelle l’Armée croate a occupé le territoire de la Slavonie occidentale, ayant expulsé presque 15.000 Serbes qui y ont vécu. 

Jusqu’à ce jour, le nombre de victimes de l’opération « Oluja » n’a pas encore été défini. Selon les données de l’organisation « Veritas », 1.852 Serbes ont péri et disparu pendant « Oluja ». Les dégâts matériels ont été absolus : 25.000 maisons, 13.000 bâtiments, 96 musées, 181 cimetières orthodoxes ainsi que 78 églises orthodoxes ont été détruits. 

Selon le recensement de l’année 1991, 581.663 Serbes (12,2 % de la population) ont vécu en République de Croatie, alors qu’en 2021, les Serbes ne sont qu’au nombre de 123.892 (3,2 % de la population). 

Malgré une législation formellement satisfaisante dans le domaine des droits des minorités, en pratique, la position du peuple serbe restant en République de Croatie est très dure. Le discours de haine, la violence physique et la détérioration de propriété sont encore fréquents, notamment dans les lieux de rapatriés, ainsi que la discrimination dans toutes ses formes (p.ex. le droit de déclarer librement sa nationalité, le droit à l’emploi, des obstructions constantes relatives à l’application du droit à l’usage de la langue et la lettre serbes, etc). 

Un indicateur clair de la position de la population serbe en Croatie est également un petit nombre de retours durables dans ces régions, estimé à quelques milliers, ce qui est un faible pourcentage par rapport au nombre total de personnes expulsées. 

L’opération « Oluja » ne peut être considérée isolément du contexte historique plus large de la souffrance du peuple serbe durant le 20ème siècle, sur le territoire de la Croatie d’aujourd’hui. 

La forme la plus grave de cette souffrance a eu lieu pendant la Deuxième Guerre mondiale, dans la période d’existence du soi-disant État indépendant de Croatie, où il y a eu des crimes massifs contre les Serbes, ce qui a marqué profondément notre mémoire collective. Des centaines de milliers de Serbes, Roms et Juifs ont péri dans les systèmes de camps de concentration, dont les plus grands et brutaux ont été Jasenovac, Stara Gradiska et le système de camps Jadovno-Gospic-Pag, y compris le camp pour enfants, unique en son genre.

La République de Serbie n’appellera jamais à de nouveaux conflits, mais uniquement à la paix, la stabilité et la tolérance dans la région des Balkans, tout en plaidant pour le respect des normes du droit international public. 

L’opération « Oluja » ne représente pas seulement une action militaire, mais également le symbole de l’exode de plus d’un quart de million de personnes et de la tragédie qui persiste encore aujourd’hui, à travers le silence, la négation et la discrimination systématique. Nous ne parlons pas de cette opération uniquement au nom du passé, mais au nom de l’avenir. Sans vérité et sans respect de la souffrance des autres, il n’y pas de véritable réconciliation. Sans justice pour toutes les victimes, la réconciliation ne reste qu’une illusion. 

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