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Système éducatif : Kaïs Saïed exige une réforme globale

Face aux retards persistants dans la mise en place du Conseil supérieur de l’Éducation, le Président Kaïs Saïed réitère l’urgence d’une réforme globale du système éducatif national.

Une ambition présidentielle confrontée à l’inertie institutionnelle

La Presse — Le Président de la République a présidé, dans l’après-midi du lundi 4 août, au Palais de Carthage, une réunion regroupant les ministres concernés par la composition du Conseil supérieur de l’Éducation, à savoir ceux chargés de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, de la Jeunesse et des Sports, des Affaires religieuses, de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, ainsi que des Affaires culturelles. C’est qu’il y a péril en la demeure.

Un projet civilisationnel

Dès l’ouverture de la réunion, le Chef de l’État a souligné l’importance de la réforme du système éducatif, rappelant qu’il n’est nullement fortuit que la Constitution prévoie la création d’un Conseil supérieur de l’Éducation. Ce choix, approuvé par le peuple, traduit une conviction profonde : parmi les réformes majeures à entreprendre, celle de l’éducation constitue l’un des chantiers fondamentaux dans la lutte pour la libération nationale.

Kaïs Saïed a affirmé que cette réforme ne saurait être efficace ni répondre aux attentes du peuple tunisien si elle n’était pas globale. Aucune phase ne peut être abordée isolément, comme cela a pu être le cas par le passé. Il a précisé qu’aucune erreur n’est permise dans ce projet civilisationnel, car la moindre faille pourrait engendrer des conséquences irréparables, privant les victimes de toute chance d’apprendre ou d’accéder à l’emploi, et ce, pendant longtemps.

Le Président a relevé que plusieurs choix opérés par le passé ont non seulement généré des victimes qui méritent aujourd’hui des solutions pour mettre fin à leur souffrance, mais ont également creusé des inégalités qu’une véritable révolution corrective doit abolir. Il a insisté sur la nécessité d’inscrire dès maintenant l’action publique dans une logique conforme à ce processus de rectification, soulignant que de nombreuses décisions antérieures n’y ont pas répondu.

Enfin, il a rappelé que l’enjeu ne se limite pas à l’enseignement scolaire ni à la préparation aux examens, mais concerne une dynamique intégrée incluant les activités menées dans les institutions éducatives telles que les maisons de la Culture et les maisons des jeunes. Ces lieux doivent semer les graines de la pensée Libre et ouvrir la voie à la créativité.

Le Président a affirmé que la pensée nationale libre est le socle de toute créativité, et que les Tunisiennes et les Tunisiens sont capables d’y parvenir, pour peu que les conditions adéquates soient réunies et que la volonté soit ferme pour en faire bénéficier la jeunesse ainsi que ceux qui les encadrent dans toutes les institutions.

Les messages de Carthage en direction de la Kasbah

Par cette réunion, le Président de la République souligne l’importance stratégique de la réforme éducative, qualifiée de «chantier national» et de front prioritaire dans la lutte pour la libération nationale. Le Conseil supérieur de l’Éducation, pourtant inscrit dans la Constitution, n’a toujours pas vu le jour. Le fait même que le Chef de l’État doive rappeler son institutionnalisation aujourd’hui suggère un décalage préoccupant entre les intentions et la réalité.

Le Président a évoqué à ce titre plusieurs tentatives de réforme dans le passé, laissant entendre que la Tunisie s’inscrit dans une longue tradition d’intentions réformatrices souvent non concrétisées. Cette référence historique renforce l’idée que le retard accusé dans la mise en place du Conseil relève d’une continuité de tergiversations et d’ajournements aux lourdes conséquences, notamment pour la jeunesse.

Le Président semble ainsi remettre en cause l’attentisme des institutions concernées. En insistant sur l’impératif d’une réforme globale couvrant toutes les étapes du parcours éducatif, et en mettant l’accent sur l’importance des activités extrascolaires, notamment dans les maisons de la Culture et de la jeunesse, il critique implicitement une approche sectorielle, fragmentée et peu efficace, tout en pointant le décalage entre la volonté politique affichée au sommet de l’État et la lenteur de sa mise en œuvre institutionnelle.

Les compétences du Conseil

Le décret-loi n° 2024-2, portant organisation du Conseil supérieur de l’Éducation et de l’Enseignement, a été publié au Journal officiel de la République tunisienne (Jort) le 16 septembre 2024. Il définit la composition, les compétences et les modalités de fonctionnement dudit Conseil.

Celui-ci doit obligatoirement émettre un avis sur toutes les questions mentionnées à l’article 135 de la Constitution, qui stipule que cette instance «émet son avis sur les grands plans nationaux dans le domaine de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche scientifique, de la formation professionnelle et des perspectives d’emploi», ainsi que sur celles soumises par le Président de la République, le président de l’Assemblée des représentants du peuple ou le président du Conseil national des régions et des districts.

En outre, «le Conseil peut se saisir de sa propre initiative des questions ayant trait à ses compétences afin d’y émettre un avis». Il élabore également un rapport annuel sur ses activités, qu’il soumet au président de la République. Ce dernier transmet ensuite le rapport au président de l’Assemblée des représentants du peuple et au président du Conseil national des régions et des districts. Le rapport est aussi publié au Journal officiel de la République tunisienne.

 

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