
La Presse — Une triste scène redondante qui devient coutumière et qui passe inaperçue dans nos stades. A chaque début de saison ou de match de championnat, avant les matches de l’équipe nationale, l’hymne national est hué par le public. Disons une bonne part du public et ce ne sont pas seulement les groupes du virage, mais aussi de simples supporters, en grande partie ayant le profil jeune.
Ça se répète souvent et depuis des années. L’hymne tunisien diffusé dans le stade, et voilà des sifflets intenses, et un public qui chante son club pour escamoter le son. On l’a vu et entendu dans plusieurs stades pour ce coup d’envoi du championnat. Et c’est franchement choquant et condamnable.
Et ce qui est grave, c’est que ça devient usuel et, limite, admis par tous. L’hymne avec tout que ça représente comme appartenance à une patrie, à une nation à laquelle nous devons beaucoup de respect et de loyauté, n’a plus de valeur pour la grande partie du public des clubs et de la sélection.
Le pire, c’est que cette décadence morale et cet effondrement éthique sont justifiés par les mêmes partisans du chaos et de la délinquance dans les stades. Certaines personnes au statut de sociologue n’essayent pas d’analyser et de comprendre pourquoi des jeunes manquent de respect à leur hymne, mais justifient cet acte en parlant d’un système anti-jeunes et d’un Etat loin des attentes de cette jeunesse.
Ils parrainent cette vision qu’on trouve superficielle et valable pour tout égarement en ce moment. Oui, ce public de foot qui aime les groupes et qui n’accepte pas les institutions, est rebelle et reste influencé par des modes de pensées radicaux et anti-système, mais il y a des limites quand même.
Au nom d’une frustration sociale qui a une partie de légitime, on discrédite l’hymne national et le plus grave, on l’adopte comme étant un acte de protestation. Ce n’est pas beau, c’est laid et c’est immoral. L’hymne mérite du respect par tous. Qu’on arrête de justifier cette culture de vandalisme et d’immoralité qui s’est installée dans nos stades. La décadence morale et l’effondrement de l’éducation à partir de la famille, ainsi que la démobilisation des écoles et des lycées expliquent ces sifflets et ce manque de respect envers l’hymne.
Ça demande des années pour corriger sagement ce comportement, mais en même temps, on doit être intransigeant pour dire à ces gens qu’ils ne peuvent pas tout se permettre dans un stade. On peut demander au public à travers « un speaker » d’arrêter de huer l’hymne, et de le retransmettre deux ou trois fois le temps que ça s’arrête.
Sinon, l’arbitre ne donne le coup d’envoi du match que si l’hymne est respecté. Dans le cas contraire, le match est annulé, rejoué à huis clos, quitte à sanctionner le club lui-même pour dissuader ces personnes. C’est à ce bureau fédéral passif à ce sujet de le dire et de prendre des mesures là-dessus. Le phénomène s’amplifie de plus en plus. Quel que soit le motif, et même si cette jeunesse n’est pas épanouie, elle n’a pas le droit de nous imposer un acte aussi incivique et blessant envers le drapeau et l’hymne nationaux.