
L’importance des transferts des Tunisiens résidents à l’étranger réside tout particulièrement dans leur caractère de filets de protection sociale et de leur apport au développement de l’économie nationale.
Ces transferts de fonds se présentent comme une aubaine dont il convient de tirer le plus grand avantage. De par leur importance, les transferts contribuent à l’équilibre de la balance des paiements et des apports en devises.
La Presse — Selon les données de la Banque centrale de Tunisie, les transferts des Tunisiens résidents à l’étranger ont connu une hausse significative, s’élevant à 4.353,2 millions de dinars au mois de juillet dernier. Cela représente une augmentation de 8,5 %, comparé à la même période l’année dernière.
D’après Lamia Jaidane-Mazigh, professeur universitaire, spécialiste dans les domaines financier et économique, « pour des millions de ménages dans le monde, les envois de fonds constituent un moyen de survie. La Tunisie n’est pas en reste. Ces transferts ont constitué une bouée de sauvetage financière depuis plusieurs années. Leur comportement contracyclique et leur résilience ont permis de soulager la contrainte extérieure, de soutenir le dinar et de couvrir les dépenses d’éducation et de santé pour des milliers de familles ».
Forte croissance
Pour rappel, les transferts des émigrés tunisiens ont enregistré une forte croissance entre 2010 et 2022, passant de 2.953,24 à 8.367 MD. « La répartition géographique de la provenance de ces envois demeure assez stable durant cette période avec la part du lion pour les flux en provenance de l’Europe (plus de 87%). Les envois des Tunisiens résidents dans les pays arabes et l’Amérique du Nord représentent seulement 10 %. Ces parts sont en concordance avec le poids des migrants tunisiens dans chaque région », précise Lamia Jaidane-Mazigh, dans son étude sur les transferts des TRE.
L’universitaire n’a pas manqué de rappeler que, pendant la période du Covid, « ces envois ont été une planche de salut pour des milliers de familles.
La résilience de ces transferts s’est maintenue même après la crise du Covid, malgré le ralentissement des économies mondiales, la montée de l’inflation et la guerre en Ukraine ».
Par ailleurs, ces fonds sont devenus encore plus importants en tant que source de financement externe, avec un poids dépassant celui des investissements directs étrangers.
Flux relativement insuffisants
Les transferts des émigrés tunisiens, qui avoisinent en 2022 les 3 milliards de dollars US, restent relativement faibles comparés à d’autres pays. En termes de contribution au PIB, l’apport, qui est de l’ordre de 6 %, reste encore relativement modeste.
Evoquant le rôle des transferts de fonds dans le processus de développement, l’experte souligne que « les impacts positifs des envois de fonds sont de vrais stimulants pour la croissance et le développement ».
Selon les données d’Afrobaromètre, 14 % des foyers tunisiens dépendent plus ou moins de ces flux comme source de revenu et pour 2 % des ménages enquêtés cela représente la principale source de survie. De même, l’enquête conduite par l’ERF, Tunisia Labor Market Panel Survey (Tlmps), a montré que pour les familles récipiendaires, ces flux représentent 82% des revenus hors travail.
Selon la même source, la plupart des projets réalisés par les TRE sont généralement localisés dans leurs régions d’origine. « Ce type d’investissement est un vrai moteur du développement régional et local ».
L’universitaire a dû rappeler que la stratégie nationale de la migration entamée en 2012 vise à renforcer la contribution de la migration au développement socio-économique au plan local, régional et national.
Par ailleurs, les transferts ont joué un rôle crucial, avec les recettes touristiques, « puisqu’en septembre 2023, la Tunisie a réussi à rembourser 74 % du service de sa dette extérieure ».
D’autre part, et de manière indirecte, « grâce à l’amélioration du stock des avoirs en devises et le maintien de la valeur de la monnaie nationale, cette source financière issue de la diaspora peut contribuer à l’upgrading du rating souverain et la diminution du coût de la dette en cas d’une éventuelle sortie sur les marchés internationaux ».
Enthousiasme estompé
L’étude montre que malgré la multiplication des projets, les retombées restent en deçà des objectifs estimés. « Les résultats de l’enquête Tunisia-HIMS (2021) montrent que seulement 9,8 % des migrants actuels et un migrant de retour sur cinq ont déclaré avoir réalisé des projets d’investissement en Tunisie.
Il est vrai que les investissements de la diaspora ont enregistré une accélération après la révolution mais l’enthousiasme s’est rapidement estompé, particulièrement à partir de 2015, après les attaques terroristes et la détérioration des conditions économiques.
Les résultats de presque toutes les enquêtes menées sur la migration des Tunisiens s’accordent sur le fait que la complexité des procédures administratives, l’insuffisance du capital, la corruption et le népotisme, la faible aide financière publique et l’étroitesse du marché sont les principaux arguments avancés pour expliquer la forte réticence des migrants à investir dans leur pays ».
Pour cela, l’universitaire appelle à la mise en œuvre d’une stratégie globale et moderne, qui doit être menée sur plusieurs fronts. Et d’ajouter que : «Pour maintenir des flux stables de transferts et réduire ceux qui transitent par les voies informelles, il est nécessaire de réagir à plusieurs niveaux ». Ainsi, il est primordial de réduire les charges appliquées aux transferts : La baisse des coûts des transferts de fonds en ciblant un taux de 3 % fixé par les objectifs de développement durable.
« Les autorités monétaires en collaboration avec l’association professionnelle des banques, doivent veiller à renforcer la concurrence bancaire et assurer plus de transparence au niveau de la tarification des transferts ».
Il est question aussi de mettre en application la nouvelle réglementation de change. L’accélération dans l’adoption du nouveau code de change renforcera la confiance des ressortissants tunisiens à l’étranger. « Ils pourraient ainsi être incités à transférer plus d’argent à leurs familles, via les canaux formels, aussi bien pour assurer les dépenses courantes que pour concrétiser des projets d’investissement. Ce dispositif évitera en outre l’application des majorations souvent excessives, des taux de change interbancaires ».
L’experte recommande aussi la promotion de l’inclusion financière des familles récipiendaires, la dynamisation de la diplomatie économique, la diffusion de l’éducation financière auprès de la Diaspora.
choko
16 août 2025 à 09:10
Bonjour, merci pour cet article qui confirme nos liens de plus en plus fort avec notre nation. La progression des nos transferts est du à une confiance totale du président Kais Saied pour une gestion claire du budget de l’état et surtout le remboursement de notre dette. Les TRE ont une considération par notre gouvernement Mais peu de respect des fonctionnaires, de l’administration qui ne répondent pas à nos plaintes, ils bloques nos projets se sont des saboteurs et je parle en connaissace de cause…