Accueil A la une 16 millions d’euros dépensés par les Tunisiens pour le visa Schengen : que disent les chiffres ?

16 millions d’euros dépensés par les Tunisiens pour le visa Schengen : que disent les chiffres ?

 

En 2024, les demandes de visa Schengen déposées par les ressortissants tunisiens ont atteint un niveau record, avec 177 951 dossiers enregistrés, soit une hausse de 11,4 % par rapport à 2023, selon les données publiées par SchengenVisaInfo. Malgré cette progression notable, l’accès à l’espace Schengen reste compliqué : plus de 38 000 demandes ont été refusées, représentant un taux de refus de 21,39 %. Ces refus ont engendré une perte financière directe estimée à 3,4 millions d’euros, les frais de visa étant non remboursables.


En effet, le coût d’une demande de visa Schengen a été relevé en juin 2024, passant de 80 à 90 euros, ce qui explique que les Tunisiens aient dépensé plus de 16 millions d’euros pour les frais de visa sur l’ensemble de l’année. Ce montant n’inclut pas les frais annexes liés à la constitution des dossiers ou aux services consulaires, qui peuvent alourdir la facture. Pour de nombreuses familles tunisiennes, ces coûts représentent un investissement important dans un contexte économique marqué par l’inflation et un taux de chômage élevé.

La France, destination privilégiée

Parmi les 26 pays membres de l’espace Schengen, la France reste la destination la plus sollicitée par les Tunisiens, avec 106 617 demandes, soit près de 60 % des dossiers déposés au niveau national. Cependant, elle a également enregistré le plus grand nombre de refus : 19 626 demandes rejetées, soit un taux de refus proche de 20 %.

À l’opposé, la Grèce présente le taux de refus le plus élevé, avec 53,78 % des demandes tunisiennes rejetées en 2024, ce qui en fait le pays le plus strict pour les candidats tunisiens.

En comparaison, l’Allemagne se distingue par son ouverture, avec un taux d’approbation de 84,09 % sur 85 476 demandes examinées. Cette forte proportion de visas accordés illustre la politique plus favorable de ce pays envers les demandeurs tunisiens.
Il est à noter que la majorité des demandes de visa émane de pays ayant des liens historiques, linguistiques ou économiques forts avec la Tunisie, notamment la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

En revanche, certains États membres comme la Roumanie ou la Slovaquie n’ont reçu que quelques centaines de demandes, soulignant une répartition géographique très inégale.

Une tendance à l’amélioration, mais des défis persistants

Le taux de refus global a baissé par rapport à 2023, où il s’établissait à 24,35 %, signe d’une amélioration dans les procédures ou la qualité des dossiers. Cependant, il reste élevé, particulièrement au regard des normes européennes et du contexte africain.


Face à cette pression croissante, les consulats européens en Tunisie doivent gérer un afflux important de demandes, tout en assurant un traitement rigoureux et rapide. Les ONG et experts en mobilité recommandent une plus grande transparence des critères de refus ainsi qu’un accompagnement administratif renforcé pour aider les demandeurs à constituer des dossiers solides et conformes.

Il est aussi à noter que ces chiffres s’inscrivent dans un contexte où la Tunisie, pays jeune et relativement éduqué, affiche une forte aspiration à la mobilité internationale. Cependant, les obstacles bureaucratiques, financiers et parfois politiques freinent cette dynamique. Le coût élevé des demandes, les délais et les taux de refus alimentent une frustration croissante.

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