
Sa démarche convoque la sculpture, la peinture, le dessin et l’installation pour générer un vocabulaire visuel riche, où chaque élément — mains, visages, têtes, empreintes — prend une dimension quasi rituelle.
Ces formes fragmentées deviennent autant de métaphores de la visibilité, de l’effacement, de l’identité et de la différence.
La Presse — En septembre prochain, la galerie Selma Feriani accueillera une exposition consacrée à l’artiste visuel marocain M’barek Bouhchichi. Né en 1975 à Akka, dans le sud du Maroc, Bouhchichi développe depuis plus de deux décennies une œuvre singulière où le corps occupe une place centrale, devenant à la fois support, symbole et langage.
À travers ses recherches plastiques, il interroge les représentations, les récits et les imaginaires liés à la perception du corps noir dans la société marocaine, tout en inscrivant son propos dans une réflexion plus large sur l’identité, la visibilité et l’altérité.
Dans son univers artistique, le corps devient un territoire de fragmentation et de recomposition. Moulé, sculpté, dessiné, peint, il se déploie sous des formes multiples et polysémiques. Ses œuvres se construisent comme un kaléidoscope de signes, de fragments et d’images, révélant la complexité des expériences corporelles, des mémoires collectives et des identités mouvantes.
La démarche de Bouhchichi convoque la sculpture, la peinture, le dessin et l’installation pour générer un vocabulaire visuel riche, où chaque élément — mains, visages, têtes, empreintes — prend une dimension quasi rituelle. Ces formes fragmentées deviennent autant de métaphores de la visibilité, de l’effacement, de l’identité et de la différence.
Diplômé en arts plastiques et enseignant l’art depuis le milieu des années 1990, d’abord à Tiznit, puis à Tahannaout où il vit et travaille aujourd’hui. Bouhchichi ne limite pas sa recherche au champ des arts visuels, son travail se nourrit également de littérature, de musique, de poésie et de philosophie, qu’il met en dialogue avec son approche plastique. En s’intéressant aux croisements entre race, mémoire, langage et politique du regard, il déconstruit les cadres imposés de la représentation et tente de les réinventer.
Dans cette perspective, l’artiste développe des modes d’expression pluriels qui dépassent le simple discours individuel pour s’ouvrir à des systèmes sociaux, poétiques et historiques plus vastes. Une voix intime traverse l’ensemble de son œuvre : celle d’un artiste qui réécrit sans cesse le récit du soi à travers la matière, les gestes et les formes. Chaque œuvre naît d’un processus de réflexion où se rencontrent l’idée et l’expérience, l’intime et le collectif, le personnel et l’universel.
Le propos de Bouhchichi sur le corps ne s’arrête pas à la forme, il s’inscrit dans une pensée critique et politique qui questionne les hiérarchies du visible et explore des notions fondamentales telles que l’identité, la corporéité, la différence et l’altérité.
Son travail a récemment été présenté dans plusieurs biennales et institutions internationales, notamment : Sharjah Biennial 16 (Sharjah, Émirats arabes unis), SAMoCA (Arabie saoudite), Biennale de São Paulo (Brésil), Dak’Art – 13e Biennale de l’art contemporain africain (Dakar, Sénégal), Savvy Contemporary (Berlin, Allemagne), Mucem (Marseille, France), Kulte (Rabat, Maroc), Palacio Cadaval (Évora, Portugal). Il a également été mis à l’honneur dans le livre African Art Now d’Osei Bonsu, coédité par Tate Publishing et Ilex.
Les œuvres de l’artiste font partie de prestigieuses collections à travers le monde, notamment : le Musée d’Art Contemporain Africain Al Maaden (Macaal) à Marrakech, Maroc ; la Friends of the Arts in North Africa Foundation en Californie, États-Unis ; la Fondation CDG à Rabat, Maroc ; le Centre Pompidou à Paris, France ; la Fondation H à Antananarivo, Madagascar ; ainsi que la collection du Frac Corsica en Corse, France.