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Commentaire: Des droits humains au gré des intérêts géopolitiques

Un projet de loi américain visant la Tunisie relance le débat sur l’ingérence et le double standard en matière de droits humains. Le texte sonne comme une fausse note, punissant la Tunisie pour son soutien à la Palestine et trahissant le prétendu engagement américain pour la démocratie.

Présenté par deux députés sous le titre «Restaurer la démocratie en Tunisie», ce projet cible le pays pour son soutien indéfectible à Gaza, tandis que d’autres États, plus dociles, échappent à toute critique. Des pressions du lobby sioniste sur la scène internationale seraient également à l’origine de cette initiative.

Les États-Unis souhaitent-ils voir les obscurantistes et les terroristes s’emparer de la Tunisie ? Où étaient-ils lorsque le terrorisme paralysait l’économie et muselait les libertés fondamentales ? Où étaient-ils quand la Tunisie pleurait ses martyrs parmi les militaires et les forces de sécurité ? Et où étaient-ils lorsque notre pays était stigmatisé comme un des principaux pourvoyeurs de terroristes dans le monde ? Les États-Unis veulent-ils plonger la Tunisie de nouveau dans le chaos ?

Face à ces interrogations et à ce constat d’ingérence, la Tunisie n’est pas restée passive. La réaction a été immédiate. La députée Besma Hammami a annoncé que le Parlement préparerait dès octobre prochain une initiative pour «restaurer la démocratie américaine», affirmant ainsi la souveraineté nationale et rappelant que le peuple tunisien n’accepte aucune leçon de démocratie. Pour le mouvement Echaâb, ce projet s’inscrit dans une longue tradition d’ingérences américaines au Moyen-Orient, de la Syrie à l’Irak, en passant par la Libye et le Soudan. Echaâb appelle à la création d’un front national progressiste pour défendre la souveraineté tunisienne, améliorer la situation socioéconomique et bâtir un modèle démocratique fidèle aux aspirations du peuple.

Le contraste avec la politique américaine interne est frappant. L’ancien président Barack Obama a récemment dénoncé des atteintes aux droits humains aux États-Unis : intimidation des universités, pression sur la justice et répression de la liberté d’expression. Ces violations seraient jugées inacceptables sur le sol américain, mais sont imposées à d’autres pays sous couvert de promotion de la démocratie.

D’un côté, Washington exige démocratie et respect des droits humains; de l’autre, il met la pression sur les États qui refusent de renoncer à leurs principes, notamment leur soutien à la Palestine. En arrière-plan, on observe également l’émergence d’un nouvel ordre mondial qui bouscule la suprématie américaine. Ce double standard manifeste montre que les droits humains s’appliquent de manière sélective, au gré des intérêts géopolitiques et des pressions internationales.

Face à cette tentative de pression, la Tunisie pourrait en sortir renforcée. Le projet de loi américain, loin d’affaiblir le pays, pourrait consolider sa détermination à construire un modèle démocratique authentique, résistant aux sanctions et aux leçons extérieures, tout en réaffirmant sa solidarité avec les peuples opprimés, en particulier celui de Gaza.

Enfin, il convient de rappeler que la majorité des experts onusiens estiment que les États-Unis ne donnent pas l’exemple en matière de respect des droits humains. En témoigne la condamnation conjointe par 79 pays de l’ONU des dernières sanctions américaines contre la Cour pénale internationale (CPI).

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