Accueil A la une Crise des prix mondiaux : l’huile d’olive tunisienne cherche son second souffle

Crise des prix mondiaux : l’huile d’olive tunisienne cherche son second souffle

Malgré une hausse de 50% des quantités exportées, la valeur des ventes s’effondre de 29,5%. Les experts appellent à une stratégie de valorisation et à la conquête de nouveaux marchés.

Les exportations tunisiennes d’huile d’olive affichent un bilan contrasté pour la campagne 2024/2025. Alors que les quantités exportées ont augmenté pour atteindre 252 700 tonnes sur les dix premiers mois (octobre à juillet), soit une hausse significative par rapport à la période précédente, la valeur des ventes s’est effondrée de 29,5% pour s’établir à 3,386 milliards de dinars. Cette chute est directement liée à un effondrement de 50,1% du prix moyen à l’exportation en août 2025, reflétant une crise des prix sur le marché mondial.

Une structure d’exportation dominée par le vrac

L’analyse des chiffres révèle la forte dépendance de la Tunisie aux exportations en vrac, une forme de commercialisation moins rémunératrice. Sur le volume total exporté, 85,3% (soit 215 500 tonnes) étaient de l’huile en vrac, ne générant que 79% des recettes totales. À l’inverse, les 14,7% d’huile conditionnée (37 200 tonnes) ont contribué à hauteur de 21% aux revenus, démontrant une bien meilleure valorisation.
Le segment bio, bien que plus modeste, montre une dynamique positive avec 48 900 tonnes exportées pour une valeur de près de 665 millions de dinars.
Dans une déclaration accordée à Express Fm, Fawzi Zayani, expert en politiques agricoles, a confirmé un contexte de ralentissement mondial des prix du secteur. « Les prix ont chuté de 50% par rapport à la campagne précédente », a-t-il déclaré.
Il a souligné que les prix tunisiens sont structurellement bas sur le marché international, une position qui n’est plus tenable. Pour M. Zayani, la solution passe impérativement par une transition stratégique vers l’exportation d’huile conditionnée (bouteilles) plutôt que de continuer à privilégier le vrac. « La Tunisie n’est pas en mesure d’influencer les cours mondiaux. Notre influence sera plus grande en exportant de l’huile valorisée, ce qui nécessite une vision et une stratégie claire », a-t-il plaidé.

La conquête de nouveaux marchés comme impératif

L’expert préconise une ouverture agressive sur les marchés non traditionnels, notamment en Afrique et en Asie. Il cite spécifiquement l’Indonésie et la Chine comme des cibles prioritaires, des pays où la culture de consommation d’huile d’olive est encore émergente et offre un fort potentiel de croissance.
Pour réussir cette percée, M. Zayani appelle les pouvoirs publics à jouer un rôle clé : « Il faut fournir le cadre juridique et diplomatique nécessaire pour faciliter l’implantation et le positionnement de nos opérateurs privés sur ces nouveaux marchés. »
En conclusion, il a indiqué que la performance des exportations tunisiennes pour cette campagne masque une vulnérabilité préoccupante. Sans une stratégie volontariste pour valoriser la production et diversifier les débouchés, le secteur risque de continuer à subir de plein fouet la volatilité des prix internationaux.

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