Accueil Culture Chroniques de la Byrsa : L’habit et le « moine » écolier

Chroniques de la Byrsa : L’habit et le « moine » écolier

Byrsa hill

La Presse « L’habit ne fait pas le moine », dit le proverbe français. Le « moine », en l’occurrence, se présente sous l’aspect d’un élève de l’enseignement primaire ou secondaire. 

L’actualité, cette semaine, c’est, bien entendu, la rentrée. Sous toutes ses coutures. Rentrée administrative avec la reprise de la double séance, parlementaire, avec le retour des élus dans l’hémicycle et, bien entendu, rentrée scolaire qui, bien que cyclique, n’en demeure pas moins l’Evènement par excellence de par l’importance de la population qu’il touche : élèves, étudiants, enseignants et parents.

Mais cette année, la rentrée scolaire a pris un caractère spécifique, si je puis dire, singulier, en tout cas, précisément au sujet de l’« habit ». 

Comme sous l’effet d’une orchestration occulte, partout dans le monde, outre les conditions administratives, pédagogiques et matérielles dans lesquelles cette rentrée s’effectue, il est une considération inédite qui est venue s’ajouter aux précédentes : la tenue vestimentaire des élèves ! 

Pour des générations d’élèves, une telle question ne s’était jamais posée. Outre le matériel pédagogique, rien ne changeait dans le rituel de la rentrée. Surtout pas la tenue, tant pour les filles que pour les garçons. Tout le monde portait le même uniforme qui ne pouvait varier que par la taille en fonction de l’âge.

En face, le personnel enseignant et administratif qui, s’il n’était évidemment pas porteur d’uniforme (sauf pour les matières scientifiques, sciences naturelles, chimie, etc. avec le port de la blouse), se présentait toujours impeccablement habillé et rasé de près !

On fronce les sourcils et on fait mine de vouloir restaurer la discipline d’antan

La contestation qui s’est emparée du monde de l’éducation à partir des années soixante du siècle dernier a progressivement érodé la discipline qui régnait en la matière en milieu scolaire. On a pris des libertés avec la rigidité qui prévalait jusque-là.

D’abord les couleurs, puis la coupe et, enfin, carrément les composants pour en arriver à cette étonnante mode des vêtements « usés », en particulier les pantalons déchirés ! 

Cette évolution n’était pas seulement le fait de la population scolaire. L’encadrement administratif et pédagogique s’y est associé. Un jean’s par-ci, une barbe de quelques jours par-là.

Et les parents étaient également de la partie dans la mesure où ils se trouvaient affranchis de l’obligation qui les liait à l’uniforme, souvent plus coûteux que ce que fournissait la fripe aux allures de mode…

Tout cela était dans l’air d’un certain temps. Aujourd’hui, on semble commencer à en revenir. Un peu partout, là où la discipline s’était relâchée, on fronce les sourcils et on fait mine de vouloir restaurer la discipline d’antan.

A la pointe de cette offensive, on retrouve le monde « civilisé » d’Europe et des Amériques.

Et, à Tunis, on a posé cette problématique avec une acuité d’autant plus vive que, comme souvent, on est venu greffer des considérations moralisantes à celles purement disciplinaires qui prévalent ailleurs. Avec, comme toujours, du retard à l’allumage puisque, ici, on continue à deviser sur la pertinence de la chose alors qu’ailleurs, des décisions draconiennes ont été prises dès la présente rentrée, en particulier en ce qui concerne les tenues débraillées et les grimages divers qui les accompagnent.  

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