
Le Président de la République ne cesse, à chaque fois, de réaffirmer la nécessité «d’engager une réforme et même une révolution éducative» pour transformer la physionomie de notre système national, et évoluer ainsi dans «un environnement transparent, juste et humain».
La Presse — Ce qui donne plus d’importance à cette réforme, c’est qu’elle implique, en plus du système traditionnel, les programmes d’appui et de soutien. On pense surtout à l’expérience de l’«école de la 2e chance», qui commence à percer.
L’abandon scolaire continue à inquiéter. Les dernières statistiques parlent d’une moyenne annuelle d’environ 100 00 élèves. Un peu trop pour un pays qui a fait de l’éducation et du savoir les principaux atouts de sa politique de développement socioéconomique.
Et c’est certainement la sensibilité de cette question et ses enjeux qui justifient l’engagement du Président de la République à mener toute une révolution éducative qui soit en mesure d’assurer une transformation totalement de la physionomie de notre système national. La recommandation d’une réforme profonde, sérieuse et globale de l’éducation corrobore ce souci.
Cette réforme, comme le soutient encore le Chef de l’Etat, doit éliminer tous les éléments de dysfonctionnement et mettre un terme ainsi aux limites des expériences passées. Il s’agit donc d’une réforme sérieuse et bien orientée.
Ce qui donne toute sa mesure à cette question de réforme, c’est qu’elle ne se limitera pas, cette fois-ci, à l’aspect pédagogique seulement, mais elle tiendra compte d’une approche intégrée et intégrale, partant de la lutte contre la pauvreté, et du soutien aux zones défavorisées, en passant par la modernisation de l’infrastructure éducative et le renforcement des ressources financières du secteur, à la sécurisation de l’environnement scolaire dans son ensemble.
Il s’agit là de créer un nouvel environnement éducatif favorable et équilibré. Cela est d’autant plus légitime que les statistiques retiennent que les zones défavorisées détiennent les records en matière de décrochage scolaire, faute de moyens. Une telle situation n’est plus permise, car l’éducation, comme le rappelle à chaque fois le Chef de l’Etat, «doit évoluer dans un environnement transparent, juste et humain» (voir La Presse du 6 septembre).
Une meilleure implication du privé
Toutefois, ce qui donne plus de rigueur et d’efficacité à cette question de réforme du système éducatif, c’est qu’elle mise, en parallèle, sur la consolidation de certains programmes de soutien au circuit traditionnel qui ont démontré, malgré des moyens encore limités, leur fiabilité. On pense surtout au programme de l’école de la 2e chance lancé en 2021, et qui a réussi, en l’espace de quelques années seulement, à apporter des réponses positives à la question de la déscolarisation précoce.
L’école de la 2e chance a permis, en effet, de réinsérer un grand nombre de jeunes dans le circuit scolaire et même professionnel, grâce notamment à un accompagnement personnalisé, l’élaboration de plans de développement spécifiques, selon le profil des uns et des autres, et la garantie de certaines «compétences de vie».
Il est évident donc que face à l’importance des enjeux, une telle expérience, qui bénéficie du soutien de quelques partenaires étrangers, l’Unicef et la Coopération italienne, entre autres, a besoin d’être élargie pour impliquer ainsi toutes les régions. En effet, le nombre actuel de ces centres reste proportionnellement timide par rapport au taux important de décrochage scolaire annuel.
De ce fait, le secteur privé, notamment financier, doit s’associer davantage aux efforts de l’Etat et apporter son appui pour espérer consolider cette expérience, la pérenniser et, si possible, identifier de nouvelles pistes similaires.
Il est important de préciser, à ce stade, que le maintien d’un soutien financier permanent est irréversible, surtout que l’objectif de ce programme ne consiste pas à multiplier les centres uniquement, mais aussi et surtout à améliorer, constamment, la qualité de la formation dispensée, et à l’adapter à l’évolution des tendances aussi bien dans le secteur éducatif que sur le marché professionnel.