
Une importante saisie de drogue au port de Radès révèle l’utilisation persistante de la technique du «cheval de Troie», un mode opératoire employé par les narcotrafiquants pour dissimuler leurs cargaisons.
Cette affaire souligne de nouveau les défis persistants auxquels sont confrontées les autorités face à un trafic de drogue toujours actif et adaptable, malgré une vigilance renforcée.
La Presse — On ne cessera de le souligner, malgré les nombreuses saisies effectuées ces derniers mois par les services douaniers et sécuritaires, le trafic de drogue demeure une réalité préoccupante en Tunisie. Les réseaux criminels poursuivent leurs activités en tentant d’exploiter les «failles du système». La récente opération menée au port de Radès en est une illustration concrète.
Le «cheval de Troie», une méthode bien rodée
Plus préoccupant encore, bien que cela reste heureusement marginal, certains agents au sein des structures de l’État auraient été impliqués dans de telles opérations. Motivés par des intérêts personnels, ces cas isolés, il faut bien le souligner, contribuent néanmoins à fragiliser les dispositifs de contrôle et à faciliter le passage de cargaisons illicites.
Dernier exemple en date, des stupéfiants ont été découverts dissimulés dans un conteneur censé transporter des équipements électroménagers destinés à une entreprise privée tunisienne. Une méthode bien connue des sécuritaires spécialisés dans la traque des réseaux de la drogue, celle du «cheval de Troie», qui consiste à cacher la drogue dans des conteneurs ou véhicules à destination d’un port, pour ensuite la récupérer à l’arrivée avec la complicité de relais internes, généralement des agents relevant des autorités portuaires.
L’efficacité du renseignement et la capacité d’anticipation ont conduit à l’échec de l’opération.
Une demi-tonne de drogue saisie
Pour revenir aux faits, le port de Radès a récemment été secoué par une importante opération, à savoir la saisie de plus d’une demi-tonne de stupéfiants dissimulés dans un conteneur censé contenir des équipements électroménagers. Cette découverte relève du modus operandi déjà évoqué, à savoir la technique du cheval de Troie utilisée par les trafiquants pour dissimuler la drogue dans des cargaisons commerciales.
Le parquet près le tribunal de première instance de Ben Arous a donné son aval à la brigade centrale de lutte contre les stupéfiants de la Garde nationale pour engager les investigations. À l’issue des premières démarches, une employée d’une société privée de transport maritime et un agent de la douane ont été placés en garde à vue.
Tous deux sont soupçonnés d’avoir joué un rôle dans cette tentative de contrebande, mettant en lumière les risques liés à l’infiltration de réseaux au sein des structures officielles.
Des précédents alarmants
En réalité, ce stratagème n’est pas nouveau. En janvier 2024, notre journal rapportait une opération majeure menée selon le même modus operandi au port de La Goulette. Grâce à des informations précises, la brigade des stupéfiants avait alors intercepté près de 60 kg de cannabis dissimulés dans des voitures neuves importées depuis la Turquie, avec escale au Maroc (La Presse, 27 janvier 2024).
Quelques mois plus tard, en novembre 2024, une autre saisie significative avait été réalisée au même port. Plus de 23 kg de cannabis et 2 kg de cocaïne, cachés selon la même méthode qui nécessite inéluctablement l’aide d’une partie tierce à l’intérieur du port.
Ces coups de filet successifs illustrent la vigilance des services spécialisés, mais aussi la sophistication croissante des méthodes employées par les trafiquants.