
La Presse — La maison de la culture Ibn-Rachiq à Tunis a abrité, le 26 septembre, la conférence de presse qui annonce le retour du Festival national du court métrage, plus connu sous le nom «Tunis Tout Court». Suspendu depuis 6 ans, il revient avec une programmation renouvelée, une nouvelle équipe, mais toujours la même passion du cinéma court.
C’est l’Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique (Atpcc) qui orchestre cet évènement. Cette 13e édition qui marque le 20e anniversaire du festival se tiendra les 3, 4 et 5 octobre, en partenariat avec le Centre national du cinéma et de l’image (Cnci) et la Maison de la culture Ibn Rachiq. Elle est consacrée au court métrage tunisien professionnel, toujours dans le but de valoriser et renforcer la visibilité de ce «format marginalisé » et de stimuler la dynamique culturelle à travers les échanges et l’encouragement à la production.
La conférence de presse a réuni de nombreux acteurs dans le secteur culturel avec Mme Ons Kammoun, présidente de l’Atpcc depuis 2024, et Mme Safa Hleli coordinatrice générale du festival.
Lors de son mot d’ouverture, Mme Kammoun est revenue sur l’importance du court métrage comme pépinière de films sérieux, engagés, porteurs de projets et d’ambitions. L’adaptation est au centre de cette édition, d’où le choix de l’affiche représentant « Le Réverbère » de Ali Douagi, une œuvre portée trois fois à l’écran.
Le film d’ouverture sera «Un certain regard » de Khaled Barsaoui, qui date de 1992. Un choix fort symbolique, comme la première manifestation organisée par l’Atpcc autour du court métrage a eu lieu en 1993 avec la projection de ce même film en ouverture. « Ça nous donnera encore l’occasion de le voir, d’en parler et d’écrire sur lui », a souligné Mme Kammoun. Un hommage sera également rendu au producteur Khaled Agrebi et au regretté grand acteur Fethi Haddaoui.
Au total, 16 films réalisés entre 2023 et 2025 sont en lice, dont 14 fictions et 2 documentaires. Le comité de sélection est composé de Mme Ilhem Abdelkefi, M.Lotfi Ben Khelifa et M. Mohamed El May. « Nous avons reçu une cinquantaine d’œuvres », a déclaré Mme Ons Kammoun. « Le qualificatif « professionnel » a soulevé une problématique, comme nous avons dû écarter les films indépendants et les films d’école. Nous n’avons retenu que les courts métrages provenant des boîtes de production ou des producteurs professionnels. »
Quatre prix seront décernés : meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleure contribution technique et meilleur jeu d’acteur.
Le jury des films est décernés de Asma Drissi, journaliste et critique, Hedi Khelil, critique et universitaire et Slim Ben Cheikh, universitaire.
Comme « Tunis Tout Court» encourage l’écriture sur le cinéma et fait sa promotion, une compétition pour les articles critiques se tiendra en parallèle avec la compétition des films. Au jury Mme Neila Gharbi, critique et journaliste, M. Mohamed Moumen, critique et journaliste et Mme Hamida El Bour, universitaire. Deux prix seront à remettre, pour deux catégories : meilleur article critique de l’année 2023 – 2024, avec déjà 10 textes reçus, et meilleur article critique écrit pendant le festival.
En plus des projections, le festival est animé par un programme dense, encore centré sur l’adaptation et l’écriture critique.
Un séminaire est prévu, intitulé « Aux origines du court métrage tunisien : l’adaptation littéraire comme premier geste ». Il sera assuré par M.Mohamed El May écrivain et chercheur, M.Kamel Wanness, écrivain et universitaire et M.Ahmed Guesmi, romancier et universitaire. Les trois intervenants reviendront sur les premiers courts métrages réalisés dès les années 1960-1970, dont plusieurs se sont construits à partir de nouvelles et de récits littéraires tunisiens.
Un atelier d’écriture est également au programme « L’adaptation comme matrice du cinéma tunisien : enjeux pour la critique ». L’objectif est de dénicher des plumes naissantes parmi les chercheurs et même les cinéphiles. Les participants seront mis en contact avec les réalisateurs et de grands noms dans la critique cinématographique afin de leur assurer une formation de qualité. Mme Ons Kammoun a, en effet, souligné « un grand vide dans l’écriture critique », ce qui affecte la documentation et la traçabilité des courts métrages.
Les productions écrites lors de plusieurs ateliers de l’Atpcc feront l’objet d’une publication qui sera distribuée lors des Journées cinématographiques de Carthage qui auront lieu en décembre 2025. Elle a également annoncé deux parutions imminentes : un ouvrage collectif sur le court métrage tunisien post-2011 avec des lectures critiques et enquêtes sur la réception du court métrage ainsi qu’un guide sur les courts métrages qui ont vu le jour depuis 2011.
Ces livres serviront à recenser, contextualiser et surtout transmettre des informations sur « des films oubliés et des noms dont il reste peu de traces ». Il s’agit, en effet, d’une production dense, souvent peu archivée, dispersée entre différents supports et évènements.
Mme Kammoun est également revenue sur la situation actuelle de l’Atpcc qui organise le festival. Après un arrêt d’activités de 3 ans concomitant avec la pandémie de Covid-19, l’association fondée en 1986 et qui fête l’année prochaine son quarantième anniversaire, a marqué sa reprise en 2023.
Le nouveau bureau exécutif qui la gère depuis 2024 s’est engagé dans l’animation d’ateliers hebdomadaires pour agrandir le cercle avec l’ambition de s’ouvrir sur le cinéma arabe et africain. Les Cahiers de l’Atpcc sont publiés régulièrement. Le site est également relancé. « Une maison virtuelle », comme l’a qualifié Mme Kammoun, comme l’association n’a pas de local depuis 2015.
Trois jours de projections, de rencontres, de documentation et d’hommages sont donc à ne pas rater, à partir du 3 octobre, à la Maison de la culture Ibn Rachik.
Voici au final la liste des courts métrages participants:
• « Leni Africo » de Marouene Labib
• « 373, Pasteur Street » de Mohamed Ismail Louati
• «Where is Diana” de Samy Chaffai
• « Makun » de Fares Naanaa
• « Le sentier de Isha » de Selma Hobbi
• «Loading» de Anis Lassoued
• «In Three Layers of Darkness» de Houcem Slouli
• « Aucun Numéro » de Hiba Dhaouadi
• « Kamikaze » de Hassen Marzougui
• « Le chemin de l’oubli » de Ali Marwen Chekki
• «To be» de Ghassen Gacem
• «The Carob Tree» de Imed Methneni
• «Between Two Worlds » de Hedia Ben Aicha
• «Flesh and Blood» de Inès Arsi
• « Le monde est petit » de Bilel Bali
• «Fragments of life » de Anis Ben Dali