
C’est un frémissement, mais il transmet des vibrations positives à cette portion du sud-ouest tunisien appelée Jérid. Certes, les réservations ne sont pas au top dans les unités hôtelières restées ouvertes (les autres représentent plus des deux tiers de la capacité d’hébergement de la région) mais les signes précurseurs du retour des beaux jours du tourisme saharien dégagent un horizon jusqu’ici bouché et annoncent une reprise fort prometteuse (voir La Presse du 30 septembre).
La Presse — Une hirondelle ne faisant pas le printemps, il y a lieu de ne pas attendre que le mouvement amorcé s’amplifie de lui-même. Il convient dès lors de se mettre sans tarder à l’ouvrage afin de confirmer et d’optimiser la tendance qui se dessine actuellement, chaque partie dans le champ de ses propres prérogatives, sachant que le tourisme est une activité transversale et n’est donc pas du ressort exclusif des institutions qui lui sont dédiées ni des seuls professionnels du secteur. Cela concerne tout le monde, média compris, et nous sommes ainsi dans notre rôle d’interpeller les parties que nous estimons concernées par cette exigence.
Sans les désigner du doigt, nous pensons à ceux qui sont en charge de l’hygiène dans les espaces publics, ceux qui organisent la circulation dans les périmètres communaux et en dehors, ceux qui fournissent les informations, qui sensibilisent aux préoccupations collectives et qui organisent des actions dans le cadre de leurs missions dans l’intérêt de la communauté. En un mot, les institutions officielles, les organisations corporatistes et la sphère associative.
Lors d’un très récent séjour dans la capitale du Jérid, il nous a été donné de constater des manquements qui peuvent avoir un impact très négatif sur la dynamique touristique en voie de recouvrement. Au premier rang de ces écarts, signalons l’état de l’environnement, en particulier dans l’oasis. Rarement une oasis déçoit.
Elle tient généralement toutes les promesses que l’imagerie d’Epinal donne d’elle
Les visiteurs qui se rendent dans la région y vont pour pouvoir s’immerger dans un monde magique duquel ils avaient rêvé bien avant d’y arriver. Rarement une oasis déçoit. Elle tient généralement toutes les promesses que l’imagerie d’Epinal donne d’elle : de l’eau, de la verdure d’une densité sans égal, des couleurs et des senteurs en profusion et du beau temps quasiment en permanence.
Imaginez le choc d’un visiteur qui longe le circuit de l’eau dessiné par le célèbre Ibn Chabbat et qui, à l’endroit aménagé pour expliquer le système traditionnel d’irrigation des parcelles — le répartiteur des eaux- il tombe sur cette flaque malodorante où l’eau stagnante retient un amas de bouteilles en plastique. Et il en est ainsi tout le long de l’oued dont les berges sont jonchées de déchets en plastique : des bouteilles, des sachets, des pots ainsi que des canettes métalliques.
On imagine mal qu’une telle promenade ne laisse pas une impression fâcheuse — pour le moins- sur ce visiteur qui n’emportera pas avec lui le meilleur souvenir de l’endroit et qu’il ne manquera pas de partager autour de lui. Mais où est donc le service d’hygiène et d’entretien de la commune ? Où sont les organisations de jeunesse ? Et la société civile agissant dans le domaine de l’environnement ?
Feu Abderrazak Chéraït, ancien maire, avait déployé des efforts colossaux pour réhabiliter la ville, l’assainir, l’embellir et en faire un véritable pôle d’attraction culturel et touristique. En particulier, il l’a dotée de mémoriaux dédiés à d’illustres figures jéridiennes, dont le célèbre mathématicien Ibn Chabbat et le grand Aboulkacem Chebbi. Le premier, dont la statue veille sur le répartiteur s’est vu amputé d’une main tandis que l’aigle géant qui surplombe l’un des rocher sur lesquels le poète se retirait en quête d’inspiration a littéralement vu son aile brisée. Cela ne semble gêner personne que l’hommage soit ainsi tourné en dérision. A défaut de réparer les dégâts, au moins retirer ces objets de quolibets.
Tozeur n’est certainement pas une grande métropole, mais les visiteurs ont besoin de s’orienter, en particulier pour se rendre et circuler dans la médina (le quartier dit des Houadef). A cette fin, on devrait mettre en place une signalisation appropriée pour faciliter les déplacements et des panneaux explicatifs devant les principaux monuments et espaces patrimoniaux.
A Tozeur, tout le monde sait ce que le tourisme représente pour la ville et la région. Les bonnes volontés ne manqueront pas de s’engager dans tout effort susceptible d’assurer l’essor de ce secteur et pour améliorer la qualité de leur vie au quotidien.