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Chroniques de la Byrsa : Effets d’annonce

Byrsa hill

La Presse — Chez nous, on aime beaucoup les effets d’annonce. Manchettes dans la presse écrite, ouverture des journaux télévisés et radio trottoir ne sent pas en reste. De quoi s’agit-il ? Une nouvelle disposition, censée être d’une importance capitale, qui va résoudre une question vitale et jusque-là restée en suspens.

Exemple ? L’usage des téléphones mobiles au volant. Certes, il était présumé interdit depuis belle lurette, mais pourquoi avoir mis une nouvelle fois cette question sur le tapis et durci sa répression? Parce qu’il était devenu évident que la loi en la matière n’était pas respectée et que de nombreux automobilistes continuaient comme si de rien n’était.

Se pose alors la question de la pertinence de ce genre de dispositions. Celles-ci répondent-elle à une exigence réelle ? Leur application est-elle possible avant même que d’être efficace ? Quels résultats attendus et combien sont-il atteints ?  

Une approche empirique laisse effectivement constater qu’à l’approche d’une patrouille de police, de Garde nationale ou d’un point de contrôle, les contrevenants s’empressent d’interrompre leur infraction. Ils baissent leur pavillon, mais pour le hisser immédiatement après avoir franchi l’obstacle. Il en est même qui ne s’embarrassent d’aucune précaution quand ils croisent des agents dont ils savent qu’ils sont occupés à autre chose. Résultat : on n’enregistre pas d’amélioration dans les statistiques concernant ce genre d’infraction. 

Il en va de la crédibilité des mesures  prises par les instances de la puissance publique

Alors, coups d’épée dans l’eau les campagnes contre les téléphones au volant, contre la confiscation des trottoirs par des commerçants inciviques, les transporteurs dépourvus de bâches pour empêcher la dispersion de leurs charges, contre la pollution au plastique, contre la pollution sonore — du moins à partir d’une certaine heure de la nuit-, etc., etc. ?

Une chose est certaine : bien des réglementations introduites à grand renfort de déclarations solennelles  et de déploiement d’acteurs sur le terrain n’ont pas été suivies d’effets durables. Et les choses dans différents domaines sont restées en l’état bien longtemps encore après leur proclamation. A-t-on visé trop haut ? A-t-on surestimé ses capacités à mettre ses décisions en œuvre ? 

Ces questions ne sont pas superflues dans la mesure où il y va de la crédibilité  des mesures prises par les instances de la puissance publique car, à force de dépassements non rectifiés, on finira par se retrouver en plein chaos, comme c’est le cas en matière de construction et d’urbanisme. 

Force doit rester à la loi et les débordements ne doivent en aucun cas entamer l’autorité de l’Etat. C’est vital.   

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