
La coopération entre la Tunisie et l’UE s’est développée progressivement et de manière soutenue depuis des années, pour atteindre le niveau d’un véritable partenariat UE-Tunisie. Ce partenariat est régi par un ensemble de cadres de coopération. La Tunisie a été le premier pays du sud de la Méditerranée qui a signé un Accord d’Association avec l’UE en 1995. Cet accord constitue le cadre juridique de la coopération et du partenariat entre l’UE et la Tunisie.
La Presse — L’Accord d’association, entré en vigueur le 1er mars 1998, établit, à terme, une zone de libre-échange (ZLE) entre les deux parties. Outre la libre circulation des marchandises, il contient des dispositions en matière de paiements, capitaux, concurrence et autres dispositions économiques et il établit une coopération dans les domaines politique, économique, social, scientifique et culturel. Il définit, par ailleurs, le cadre général de la coopération financière, afin d’accompagner les dispositions de l’accord et le processus de réformes du pays.
Cet accord s’insère dans le cadre du processus euro-méditerranéen de Barcelone lancé en 1995. Il est basé sur le développement de la coopération sur le plan du dialogue politique et du partenariat économique et dans le domaine social et culturel, dans l’ensemble de l’espace euro-méditerranéen.
Au mois de juillet dernier, l’Union Européenne et la Tunisie ont célébré les 30 ans de la signature de leur Accord d’association. Un évènement qui témoigne de leur engagement à préserver ce partenariat malgré les défis résultant de la recrudescence des tensions géopolitiques.
Dynamiques renouvelées
Ce partenariat n’a cessé de se développer et s’intensifier durant trois décennies et ceci à travers la mise en place d’objectifs communs à l’instar du développement durable, la solidarité, et une aspiration à une prospérité partagée entre les deux rives de la Méditerranée.
La solidité de cette relation se reflète d’une manière effective à travers les indicateurs. L’UE demeure le principal partenaire commercial de la Tunisie, recevant 70 % de ses exportations. Elle est également le premier investisseur dans le pays : les investissements européens représentent 88 % du nombre total d’investissements directs étrangers (IDE). Les entreprises européennes sont à l’origine de 90 % des emplois créés par les IDE en Tunisie.
Grâce à l’Accord d’association qui exempte de droits de douane la plupart des exportations tunisiennes vers l’UE, la Tunisie a pu intégrer les chaînes de valeur industrielles européennes, augmenter la valeur de ses exportations, et diversifier ses secteurs productifs, notamment le textile, l’agroalimentaire et les composants automobiles.
L’UE a, par ailleurs, évoqué des « projets concrets » dans divers domaines : santé, éducation, emploi, transition numérique, énergie, infrastructures.
Parmi ces projets, figurent l’appui financier de 123 millions d’euros (environ 416 millions de dinars) alloués par la Banque européenne d’investissement à la construction du nouveau pont de Bizerte, et la contribution de plusieurs projets communs dans le secteur de l’énergie.
A l’occasion de ce trentième anniversaire, les deux partenaires souhaitent donner un nouveau souffle à leur relation.
Le dialogue stratégique engagé ces dernières années porte sur des enjeux d’avenir communs : changement climatique, gestion humaine et solidaire des flux de migration, innovation technologique, formation, sécurité alimentaire.
Priorités stratégiques
L’UE et la Tunisie sont, de longue date, liées par un partenariat privilégié. Afin de renforcer davantage encore les liens solides et pluridimensionnels qui unissent les deux partenaires, des priorités stratégiques ont été définies en vue de soutenir la mise en œuvre de l’accord d’association UE-Tunisie.
Les «priorités stratégiques» tiennent compte des intérêts communs et sont axées sur des domaines dans lesquels la coopération entre l’UE et la Tunisie revêt un intérêt mutuel. Les principales priorités politiques retenues dans le cadre des relations entre l’UE et la Tunisie pour la période 2023-2027 sont la promotion d’un espace de valeurs (droits de l’homme, bonne gouvernance et état de droit), le développement socio-économique inclusif, durable et connecté, le rapprochement des deux rives de la Méditerranée et une gestion des migrations et de la mobilité.
Révision des accords de libre-échange
Aujourd’hui, la Tunisie est en train de négocier des accords de libre-échange avec plusieurs membres du processus euro-méditerranéen, dans le but de bénéficier du système « PanEuromed » des règles d’origine. La Tunisie et l’Union européenne ont convenu de l’application, à partir du 1er mars 2025, de règles d’origine préférentielles révisées, négociées dans le cadre de la Convention Pan-Euro-Méditerranéenne (PEM).
L’objectif de ces règles est d’introduire des dispositions plus souples que celles de la Convention PEM de 2012, afin de faciliter l’obtention du statut « originaire » pour les marchandises exportées vers l’UE, qui bénéficieront ainsi des exonérations de droits de douane en vertu de l’Accord d’association UE-Tunisie. Ces règles révisées s’appliqueront à tous les produits couverts par l’Accord d’association et prévoient également des flexibilités supplémentaires. De nouvelles règles de transformation ont aussi été introduites pour certains produits, notamment pour les tissus, qui obtiendront plus facilement le statut d’origine.
«Ces nouvelles règles permettront à davantage de produits tunisiens de bénéficier d’un accès facilité au marché européen», a affirmé Thierry Beranger, Chef de la section commerce au sein de la délégation de l’Union européenne à Tunis.
Les défis sont énormes pour la Tunisie qui a développé plusieurs secteurs orientés vers l’export et à plus forte valeur ajoutée. La compétitivité demeure, ainsi, le maître mot. Il faut booster l’investissement productif, améliorer la production et la diversifier et conquérir de nouveaux marchés en Afrique et dans le reste du monde.