
La restauration de Dar Koraich, demeure historique située à Bab El Jalladine à Kairouan, illustre avec force le potentiel de renaissance du patrimoine architectural tunisien. Transformée en maison d’hôtes après avoir longtemps sombré dans l’oubli, elle incarne une réussite exemplaire de sauvegarde et de valorisation du patrimoine bâti.
Durant des années, cet endroit fut laissée à l’abandon. Ses murs fissurés, ses plafonds abîmés et ses pierres rongées par le temps portaient les stigmates de la négligence. La maison, exposée aux intempéries et aux tentatives de vol, avait perdu l’éclat de son architecture arabe traditionnelle. Sa beauté silencieuse racontait une histoire de marginalisation et de désintérêt, à l’image de nombreuses demeures historiques tunisiennes menacées de disparition.
C’est avec une volonté forte et une passion sincère pour le patrimoine que ses nouveaux propriétaires ont entrepris sa réhabilitation. Grâce à l’expertise de Koraich El Hajri, héritier de la maison, la demeure a été rénovée en respectant son authenticité. Les matériaux traditionnels, notamment la pierre locale, ont été privilégiés afin de préserver l’âme du lieu. Le résultat est une renaissance spectaculaire : Dar Koraich est désormais une maison d’hôtes raffinée, célébrant l’identité kairouanaise et offrant aux visiteurs une expérience immersive dans l’histoire et la culture de la médina.
Au-delà de cette réalisation, Dar Koraich incarne un enjeu national majeur. La Tunisie regorge de maisons traditionnelles, kasbahs et demeures bourgeoises délaissées dans ses médinas et ses villages. Leur abandon représente une perte inestimable, non seulement sur le plan culturel, mais aussi économique. La restauration et la reconversion de ces espaces peuvent constituer un levier pour un tourisme durable, créateur d’emplois et générateur de valeur ajoutée. Elles peuvent également renforcer l’attractivité des villes historiques et redonner vie aux quartiers anciens, souvent désertés par leurs habitants.
Cet exemple démontre que la sauvegarde du patrimoine ne relève pas uniquement des politiques publiques. Elle dépend aussi de l’initiative privée, du savoir-faire des artisans et de l’attachement des Tunisiens à leur mémoire collective. Chaque maison restaurée devient un acte de résistance face à l’oubli, mais aussi une opportunité d’innovation, de créativité et de rayonnement international.
En redonnant vie à cette maison d’hôte , Kairouan rappelle que ses ruelles étroites et ses trésors cachés ne demandent qu’à être redécouverts. Cet exemple peut inspirer d’autres projets similaires à Tunis, Sousse, Tozeur ou ailleurs, où le patrimoine en souffrance attend des mains passionnées pour renaître.
Dar Koraich n’est pas seulement une maison restaurée. Elle est un symbole : celui d’un patrimoine tunisien fragile mais plein de promesses, capable de se réinventer pour l’avenir.