Accueil A la une Sauvetage ciblé à Gaza : le passeport militaire, nouveau sésame humanitaire ?

Sauvetage ciblé à Gaza : le passeport militaire, nouveau sésame humanitaire ?

Gaza

Triste constat en temps de guerre : toutes les souffrances ne se valent apparemment pas. Alors que le sang des gazaouis coule à flots et que des milliers de civils luttent pour leur survie dans l’enfer de Gaza, le parcours singulier d’une femme pour fuir le territoire occupé jette une lumière crue sur les prismes déformants de la diplomatie et des priorités politiques.

Ahlam Ferwana, une Palestinienne de 59 ans, a réussi à quitter clandestinement la bande de Gaza ces dernières semaines, grâce à une intervention directe et à des efforts diplomatiques de l’administration du président américain Donald Trump.

L’origine de cette opération remonte à son fils, Younes Ferwana, qui sert dans la marine américaine depuis 2023 après s’y être engagé dans le cadre de sa démarche pour obtenir la nationalité américaine.
Pendant l’agression militaire sioniste, la famille a perdu sa maison de sept étages, détruite par un bombardement. Contraints de se déplacer sans cesse au milieu d’une destruction massive et d’une pénurie aiguë de nourriture, ils ont même été réduits, à certaines occasions, à manger des graines pour oiseaux afin de survivre.

Depuis la marine américaine, Younes a commencé à faire pression sur des responsables militaires et civils pour sauver sa mère de Gaza. Ses appels ont finalement conduit à l’implication de hauts responsables de l’administration Trump, dont Kash Patel, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale.

L’opération a nécessité un don de 10 000 dollars pour couvrir les frais de transport et de coordination. Des techniques de surveillance avancées ont également été utilisées pour suivre les déplacements d’Ahlam et assurer sa sécurité. Pour permettre l’évacuation, une coordination avec l’armée israélienne a permis une trêve temporaire des raids dans la zone de transit. Ahlam a parcouru 14,5 km à pied à travers les décombres pour atteindre le poste frontalier de Kerem Shalom. De là, elle a été transférée vers la Jordanie, où elle réside actuellement en attendant un visa pour rejoindre son fils aux États-Unis.
De son côté, Younes Ferwana a exprimé sa profonde gratitude envers les responsables qui ont aidé à sauver sa mère, déclarant que cette issue était « un véritable miracle ».

Cette opération, aussi miraculeuse soit-elle pour Ahlam Ferwana et sa famille, soulève une question fondamentale : aurait-elle connu le même dénouement si son fils n’avait pas porté l’uniforme de la marine américaine ?

Le contraste est en effet saisissant entre le déploiement de moyens techniques et diplomatiques pour une personne et l’impuissance affichée face au sort de milliers d’autres. L’usage de technologies de surveillance de pointe, la coordination avec l’armée israélienne pour une trêve localisée, et l’implication de hauts responsables contrastent avec le sort des autres civils palestiniens.

Cette affaire dépasse le cas individuel pour interroger les principes mêmes de l’action humanitaire en zone de conflit. Elle révèle crûment comment les relations internationales et les intérêts stratégiques peuvent créer des catégories de civils, où le droit à la vie semble proportionnel à son utilité politique ou symbolique.

Alors qu’Ahlam Ferwana attend son visa pour les États-Unis, des milliers de mères palestiniennes, sans fils dans l’armée américaine, continuent de lutter pour leur survie dans l’indifférence relative de la communauté internationale. Leur calvaire pose une question plus vaste : dans la froide logique des relations internationales, toutes les vies civiles ont-elles la même valeur ?

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