
Plus exigeante, plus mobile et plus attachée à ses valeurs, la génération Z bouscule le monde de l’entreprise en Tunisie et l’oblige à s’adapter à une nouvelle culture professionnelle.
La Presse — Dans le monde professionnel, la cartographie générationnelle revêt une importance majeure. Elle permet de comprendre le comportement des diverses générations qui cohabitent au sein de l’organisation et donc de gérer les conflits intergénérationnels, souvent source de tensions.
Après les baby-boomers (nés entre 1946 et 1964), la génération X (entre 1965 et 1980) et les millenials (ceux qui sont nés entre 1981 et 1995) voilà que les entreprises voient aujourd’hui arriver progressivement une nouvelle vague baptisée la génération Z.
Représentant plus de 30 % de la population mondiale, cette génération regroupe les jeunes nés entre 1996 et 2010. Certains spécialistes vont même jusqu’à inclure les natifs des années 2011 et 2012. Qu’importe ! Car cette génération a quelque chose de très spécifique qui l’unit à travers le monde : elle est la première génération à être née dans un monde entièrement connecté où Internet est totalement démocratisé.
En effet, cette génération a été familiarisée avec les écrans à un très jeune âge et puise dans le Net pour accomplir toute tâche utile : s’informer, communiquer, se divertir … Aujourd’hui, les entreprises du monde entier adaptent non seulement leurs stratégies marketing à cette génération, mais aussi leurs méthodes de recrutement et d’intégration.
Flexibilité et bien-être, des priorités absolues !
Selon les résultats du dernier recensement démographique, la génération Z pourrait représenter entre 15 et 20 % de la population tunisienne. Ces jeunes font désormais partie du marché de l’emploi en Tunisie et sont en train de s’intégrer progressivement dans le monde professionnel.
Leur comportement vis-à-vis du monde du travail est beaucoup influencé par leur perception de la réalité. Une enquête sociologique réalisée par le sociologue Sofien Jaballah, de l’université de Sfax, a révélé, entre autres, que la génération Z « développe un framing plus libéral et individualiste de la réalité ».
Elle accorde une importance cruciale aux libertés individuelles. A l’entreprise, leur perception du travail et du monde professionnel ne déroge pas à la règle. Une enquête récente réalisée par le cabinet d’audit et de conseil « EY Tunisie », auprès de chefs d’entreprises publiques et privées ainsi que de hauts cadres RH, a mis l’accent sur le fait que la génération Z privilégie la flexibilité et l’alignement avec ses valeurs. Moins motivée par les schémas traditionnels, elle est également plus encline à quitter un poste si celui-ci ne correspond pas à ses attentes.
« Ce que ces jeunes détestent le plus, c’est qu’on leur impose des contraintes, comme le choix vestimentaire, par exemple. En revanche, ils sont très ouverts aux outils d’intelligence artificielle », témoigne Sara, 46 ans, manager au sein d’une entreprise étrangère installée à Tunis.
Selon ses dires, ces jeunes veulent grimper les échelons vite. « Ils ne sont pas très attachés à l’entreprise dans la mesure où ils privilégient leur bien-être », a-t-elle ajouté. Contrairement aux générations précédentes, la génération Z affiche donc un certain détachement vis-à-vis du monde de l’entreprise.
Pourtant, les organisations doivent désormais élaborer des stratégies anticipatives pour faire face aux défis démographiques actuels en termes d’intégration des nouvelles générations ainsi que de départ progressif des baby-boomers.
L’étude d’EY Tunisie souligne, d’ailleurs, l’importance d’adopter de telles approches, non seulement pour éviter la perte de savoirs et de compétences clés liée au départ des seniors, mais aussi pour mieux gérer les conflits intergénérationnels et assurer une transition harmonieuse au sein du monde professionnel.