
La Presse — Alors que les résultats définitifs du recensement général de la population et de l’habitat viennent d’être dévoilés par l’Institut national de la statistique (INS), le débat sur les enjeux de la transition démographique refait surface. Entre le rétrécissement de la base de la pyramide des âges et la progression de la part des Tunisiens âgés de plus de 60 ans (qui représentent aujourd’hui 17 % de la population), le phénomène du vieillissement est inéluctable, même si les démographes le rappellent : la population tunisienne n’est pas encore une population « vieille ».
Les actifs âgés de 15 à 59 ans demeurent majoritaires avec plus de 60 % de l’ensemble de la population. Mais les indicateurs évoluent, et le vieillissement ne sera pas sans conséquences. La réduction de la population active entraîne mécaniquement une pression sur la croissance, l’épargne et la consommation. Le système de retraites, fondé sur la solidarité intergénérationnelle, se trouve particulièrement exposé à un déséquilibre structurel : moins d’actifs pour cotiser davantage de retraités à indemniser.
À cela s’ajoute la hausse attendue des dépenses de santé, accentuée par la multiplication des maladies chroniques et dégénératives liées à l’âge. Face à cette nouvelle réalité, des défis majeurs s’imposent. La réforme des systèmes de sécurité sociale, l’adaptation des infrastructures hospitalières, la nécessité de former davantage de compétences spécialisées en gériatrie… sont autant d’enjeux auxquels la société tunisienne devra s’adapter.
Mais, comme le montrent les expériences observées ailleurs, le vieillissement ne doit pas être perçu uniquement comme un poids pour la collectivité. Il peut également constituer une opportunité de développement. La « silver economy », ce secteur qui regroupe l’ensemble des biens et services destinés aux seniors, représente un gisement économique encore largement inexploité en Tunisie. Qu’il s’agisse de technologies favorisant l’autonomie, de services de proximité ou de nouvelles offres de loisirs adaptés, les perspectives sont nombreuses.
C’est un créneau porteur pour les jeunes entreprises et start-up en quête d’opportunités. De surcroît, les seniors constituent un capital immatériel précieux et un trésor caché. Une fois à la retraite, ils demeurent une ressource souvent sous-estimée. Leurs compétences accumulées au fil des années recèlent des savoir-faire clés, qui peuvent être transmis aux nouvelles générations à travers des programmes de mentorat, auxquels de nombreux retraités adhèrent volontairement.
En somme, le vieillissement démographique, qui représente un défi considérable pour les sociétés et les économies, peut aussi devenir un moteur d’innovation et de croissance.