Maintenant, du fait qu’il n’y a pas eu à proprement parler de débat contradictoire, personne ne peut vraiment se déterminer sur la base de cette «Mounadhara» qui représente une bonne idée pour hisser la Tunisie au niveau des pratiques démocratiques occidentales, mais qui mérite des améliorations.

Personne ne peut affirmer que la «Mounadhara» ayant mis en présence, en trois temps, tous les candidats à la présidentielle moins deux, a donné lieu à un débat instructif pouvant permettre de choisir son candidat. Tout au plus, les trois soirées télévisées ont-elles permis de situer certaines intentions des candidats quant aux thèmes abordés dans les questions précises que l’on a posées à chacun d’entre eux en particulier.

Ces candidats étaient donc stressés, comme dans un oral académique, debout tout au long de l’épreuve sans même un verre d’eau, anxieux et dubitatifs, attendant ce que le sort leur réservait.

Mais la plupart des candidats ont vite dépassé les premiers moments d’hésitation pour se lancer dans l’arène. Bien que certains ont montré des hésitations et même des balbutiements qui faisaient douter de leur assurance.

Ce qui est important dans l’évaluation des apports de cette épreuve télévisée, c’est que les exposés des candidats ont été limpides, explicites et pour l’essentiel courtois. A l’exception de la troisième soirée qui a vu deux incorrections flagrantes à l’adresse d’un chef du gouvernement impassible.

Les candidats ont tous recouru à une certaine langue de bois lorsqu’ils étaient pressés de déballer un flanc de leur programme, notamment à propos des réformes nécessaires, mais chacun a tenté de mettre en avant des idées sinon originales, du moins personnelles le distinguant.

C’est ce qui a permis de dégager un avis approximatif sur chacun et de classer les protagonistes dans les registres politiques ou idéologiques dont ils se réclament. Ainsi ont été catalogués les libéraux, les socialistes, les nationalistes-arabes, les islamistes de différentes sensibilités, les pro-occidentaux et ceux qui y sont réfractaires ou encore les radicaux sans étiquette précise, parfois aux frontières de l’anarchisme.

Abir Moussi a été destourienne jusqu’au bout des ongles, Mourou plutôt modéré mais en tenue traditionnelle, Mohsen Marzouk convaincant comme toujours, Saïd Aïdi réformateur et fier de l’être, Moncef Marzouki nostalgique de la Troïka, Mohamed Abbou tantôt démocrate libéral, tantôt «troïkiste», Abid Briki syndicaliste indépendant, Hamma Hammami corrosif de gauche, Mongi Rahoui radical et libéral, Selma Elloumi nidaïste de formation, Youssef Chahed bien au fait de ses dossiers, Safi Saïd intéressant mais inclassable, tout comme Boulabiar.

En l’absence de Karoui empêché et de Riahi à l’étranger, les figures qui se distinguent sont celles que les sondages avaient bien classées et que les citoyens mettent en évidence, mais la «Mounadhara» n’a pas eu un grand apport à ce niveau. Sauf que les favoris ont su tenir tête aux questions qui leur étaient réservées par des réponses exhaustives. Les Youssef Chahed, Abdelkrim Zbidi, Abdelfattah Mourou, Néji Jalloul, Mohsen Marzouk, Mongi Rahoui, Mohamed Abbou, Abir Moussi, Hammadi Jbali et Kaïs Saïd… gardent leurs chances.

Maintenant, du fait qu’il n’y a pas eu à proprement parler de débat contradictoire, personne ne peut vraiment se déterminer sur la base de cette «Mounadhara» qui représente une bonne idée pour hisser la Tunisie au niveau des pratiques démocratiques occidentales, mais qui mérite des améliorations.

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