Mini-cycle de projections « Ksayer we Yi7ayer », actuellement dans les salles de cinéma tunisiennes : Un florilège de genres

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« Bolbol » avec Fatma Ben Saidane

Pour la rentrée, Hakka Distribution a consacré un mini- cycle de projections composé de 5 courts métrages. La part belle à ce format est moins visible que les longs métrages dans les salles de cinéma. 5 pépites qui ne sont pas inédites : les spectateurs ont, en effet, pu découvrir ces 5 films occasionnellement auparavant, surtout dans le cadre de nombreux festivals, mais ils se feront un réel plaisir de les (re)voir pendant les semaines à venir dans les salles de cinéma tunisiennes.

La séance s’ouvre sur un court métrage qui avait fait la tournée des festivals dans le monde, «Black Mamba», d’Amel Guellaty qui filme le tiraillement d’une jeune fille — incarnée par Sarah Hannachi — entre sa passion pour la boxe et sa famille qui tient absolument à la marier. Sur une vingtaine de minutes, on l’accompagne chez elle, sur son lieu de travail, mais également pendant ses fugues en douce la nuit avec son mentor et coach jusqu’à sa tentative ultime de s’émanciper de sa famille. Le film, «américanisé» dans son style à souhait, se veut être un message universel pour toutes les filles réprimées dans le monde mais également sous l’emprise d’une pression sociale insupportable qui les empêche d’aller au-delà de leurs rêves.

« Le Bonbon » de Abdelhamid Bouchnak

«Le Bonbon» d’Abdelhamid Bouchnak nous plonge dans les bas-fonds d’un Tunis, lugubre, stressant et socialement hostile. La caméra de Bouchnak suit l’itinéraire professionnel et quotidien d’un jeune homme qui se meurt sous le poids d’un travail usant : celui d’être huissier notaire. Mehdi, incarné par Aziz Jebeli, se fait traiter de tous les noms et est malmené, il s’endurcit au fil du temps. Malgré la bienveillance de sa maman, il a fini par craquer. «Le Bonbon», beau titre attribué à un film court dont le contenu n’a rien de doux.

Après les leçons de courage, de révolte, d’émancipation et d’un zeste de violence sanguinaire, place à la satire sociale et humaine par excellence qui fera les belles minutes des spectateurs avides de rire. Signé Khedija Lemkecher et avec, à l’affiche, Fatma Ben Saidane et Fethi Akkari, ce film est un antidépresseur par excellence : «Bolbol» partage une vie monotone avec Amor, son mari, avec qui elle ne partage plus rien.  La seule distraction de cette dame, c’est son balcon qui donne sur une salle des fêtes. Elle est invitée à tous les mariages qui se déroulent  dans cet espace, ce qui lui permet de retrouver sa féminité et sa liberté, le temps d’une nuit. Ce film est un panorama de la société tunisienne, forcément caricaturée,  et qui apparaît dans sa diversité la plus totale.

Kays Mejri, lui, nous livre un thriller sanglant et gore avec, dans les rôles titres Najib Belkadhi et Souhir Ben Amara. Le 4e court métrage programmé dans le cadre de ce 3e cycle de «Ksayer we Yi7ayer», est filmé comme le début d’un film d’horreur prenant mais qui reste en suspens. «When The Sky Ben To Scream» ou «Quand le ciel se mit à crier» relate le parcours d’un couple perdu sur une route et pris en chasse par un groupe de fossoyeurs, désireux d’avoir le bébé de la jeune dame. Commence alors une course poursuite effrénée…

Le 5e et dernier court métrage est celui de Kaouther Ben Henia «Les pastèques du cheikh».  Drôle et caricatural, le court métrage raconte la mésaventure du cheikh Taher, un imam pieux et respecté dans son quartier, qui accepte de prier sur la dépouille d’une femme qu’il ne connaît pas, mais son acte de piété s’avère être le péché de trop qui précipitera la spoliation de son pouvoir par Hamid, son jeune sous fifre machiavélique et ambitieux. Cette 3e version de «Ksayer we Yi7ayer», qui tient à être annuelle, est projetée à Pathé Tunis, à l’Agora, au cinéma ABC, au Cinémadart et au Zéphyr.

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