Et si tout était à refaire ?

MAINTENANT que les urnes ont livré leur verdict et qu’on attend que l’Isie fournisse aujourd’hui les résultats préliminaires des législatives tenues dimanche 6 octobre (les résultats définitifs seront proclamés dans quelques jours en fonction des recours qui seront soumis à l’Isie dans une première étape et au Tribunal administratif dans une seconde étape), la grande question qui taraude l’esprit des Tunisiens est la suivante : le parti qui a réussi à remporter le plus grand nombre de sièges au Parlement (on parle de près de 50 sièges), en l’occurrence Ennahdha, parviendra-t-il à former le prochain gouvernement dans les délais constitutionnels, en sa qualité de parti vainqueur des élections comme le veut la Constitution ?

Ennahdha réussira-t-il à constituer un gouvernement de coalition auquel participeront les partis qui ont gagné un certain nombre de sièges au Parlement et qui accepteront les ministères que le parti nahdhaoui leur offrira ?

Mais avant d’en arriver là, c’est-à-dire à la phase de partage des ministères, il est légitime de s’interroger sur l’identité des partis qui accepteront l’offre d’Ennahdha de faire partie du prochain gouvernement, sur les clauses des deals que Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha et probablement le futur président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), aura à conclure avec les responsables des partis qui donneront leur accord pour faire partie du futur gouvernement et aussi sur les conditions que les probables alliés d’Ennahdha ont déjà posées pour figurer dans le casting du gouvernement post-6 octobre 2019, à l’instar du Courant démocrate dont le secrétaire général Mohamed Abbou n’a pas hésité à révéler les départements ministériels que son parti vise au cas où il s’alignerait sur la coalition qu’Ennahdha cherchera à lancer.

Et les hypothèses, les pronostics les plus inimaginables et les calculs ou agendas qui étaient impensables le 6 octobre 2019 avant la proclamation des résultats de se multiplier parmi les analyses médiatiques et d’occuper les réseaux sociaux qui essayent d’imaginer toutes les combinaisons possibles, y compris les alliances dites «à péché suprême» comme celle de voir Abir Moussi ou le parti Echaab donner leur accord et participer à un gouvernement dirigé par Ennahdha.

Et en attendant que les comptes qu’Ennahdha est en train de dresser pour être édifié sur le nombre des députés qui accorderont leur confiance à son gouvernement au cas où il parviendrait à séduire ses probables alliés, les experts, les constitutionnalistes et les politologues qui  ont déjà prophétisé les résultats livrés par les urnes dimanche dernier sont quasi unanimes sur l’impossibilité de voir Ennahdha réussir dans sa mission de former un gouvernement dans les délais prévus par la Constitution, à savoir deux mois au bout desquels le chef de l’Etat chargera la personnalité qu’il jugera la plus habilitée à réussir à former le gouvernement.

Il reste que la possibilité de voir échouer toutes les tentatives de formation du prochain gouvernement n’est pas à écarter selon certaines sources qui comptent déjà sur la dissolution de l’ARP et l’organisation de nouvelles législatives dans les six mois à venir.

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