Le dévoilement par Ennahdha du contenu de son «Document pour la formation du gouvernement» et les indiscrétions qui ont filtré des rencontres préliminaires de négociations entre les dirigeants nahdhaouis et leurs collègues du Courant démocratique et du mouvement Echaâb ont-ils finalement réussi à baliser la voie à l’acceptation par le parti de Montplaisir de renoncer à son «exigence incontournable» de voir l’un de ses responsables former le prochain gouvernement et de le diriger.
Certains indicateurs portent à croire, en effet, qu’au sein d’Ennahdha l’idée du choix d’une personnalité pour la formation et la présidence de la future équipe ministérielle n’est plus considérée comme un tabou, un interdit ou un sacrilège dont les partisans sont exposés aux sanctions les plus sévères ou au moins à la mise en quarantaine.
Il paraît que Mohamed Ben Salem, qui a ouvert la voie au renoncement par Ennahdha à son exigence de former le gouvernement et de le diriger à tout prix (quitte à aller à de nouvelles élections législatives), serait suivi, dans ses approches et analyses, par d’autres dirigeants nahdhaouis dont les deux faucons Ali Laârayedh, le premier vice-président et du parti, et le nouveau député au nom de la circonsription de Bizerte, Samir Dilou.
En effet, Ali Laârayedh laisse entendre que le Conseil de la choura d’Ennahdha qui n’a pas encore désigné officiellement la personnalité nahdhaouie chargée de former le prochain gouvernement (la délégation nahdhaouie, composée de Ghannouchi et de Laârayedh qui a rencontré le Courant démocratique et le Mouvement démocrate l’a fait à titre officieux et non entant que négociateur officiel du parti) pourrait changer d’avis, au cas où il s’avérerait que l’intérêt national l’exigeait.
Quant à Samir Dilou, il est encore plus clair quand il souligne que le prochain chef du gouvernement doit être compétent dans le domaine économique, politisé, mais n’appartenant à aucun parti politique.
Et en retournant au «Document pour la formation du prochain gouvernement» proposé par Ennahdha à ses futurs alliés, lequel document constituera au cas où il serait avalisé par ces mêmes potentiels alliés qui y ajouteront sûrement leurs solutions et propositions, il serait impossible de voir la concrétisation du «programme commun» dirigé par une personnalité nahdhaouie ou aussi par une personnalité qui proviendrait de l’un des partis participant au prochain gouvernement.
Mais en attendant que les nahdhaouis annoncent officiellement ce qu’ils appellent «une nouvelle concession historique d’Ennahdha au profit de l’intérêt supérieur du pays», les Tunisiens se demandent quelle sera la contrepartie que les autres parties vont consentir au parti nahdhaoui.
Beaucoup d’observateurs n’hésitent pas à affirmer qu’Ennahdha exigera la présidence du Parlement qui sera confiée à Rached Ghannouchi en compensation de son acceptation de renoncer à la présidence du gouvernement.
Sauf qu’il est important de préciser qu’il ne s’agit jusqu’ici que d’hypothèses ou de pronostics qui attendent l’aval officiel des négociateurs du Courant démocratique, du mouvement Echaâb, de la coalition Al Karama et aussi de Tahya Tounès.
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